L'occident et nous- B . Senouci

 


 

Cette fascination a disparu. Une nouvelle génération de dirigeants occidentaux, plus médiocres les uns que les autres, est apparue en même temps que les tenants d’une philosophie vulgaire et d’une littérature majoritairement imprégnée de l’air insalubre qu’exhale la France d’aujourd’hui. Ce constat peut être étendu à l’Occident dans son ensemble, celui de Sarkozy, Berlusconi, Cameron… Leur avènement ne doit rien au hasard. Il est concomitant de la désacralisation générale que connait l’Occident. Les peuples élisent des dirigeants qui leur ressemblent, de préférence à des candidats susceptibles de prendre de la hauteur. Ceux-ci, à l’instar des nobles d’hier, connaissent en effet le tragique de l’Histoire et font très attention à ne pas la torturer. De Gaulle n’aurait pas envahi l’Irak au prix d’un invraisemblable mensonge, non par sympathie pour les Irakiens, sympathie qu’il était loin d’éprouver. Il connaissait toutefois la profondeur de ce peuple et le danger de libérer des forces incontrôlables en prétendant fonder un ordre nouveau en faisant donner le canon contre un emblème de la civilisation humaine…

En fait, c’est le temps des voyous, y compris en Occident. Ils sont dans la haute finance, dans la police, dans les gouvernements. Au besoin, ils montent des bateaux invraisemblables et ils font disparaître l’un des plus vieux pays au monde. Ils soutiennent la « démocratie » israélienne, car il est bien connu que les voyous se soutiennent entre eux. Ils font sauter la Libye. Ce faisant, ils ont produit Daesh, et tous les Daesh qui ne manqueront pas de proliférer en remerciant l’« œuvre occidentale ».

Je fais partie peut-être de ce fameux chœur des pleureuses qui s’obstine à rappeler à l’Occident ses méfaits, les massacres des Indiens, des Algériens, des Vietnamiens…, l’attentat qu’il perpètre chaque jour contre notre bonne vieille planète, sa propension à s’ériger en parangon de vertu quand toute son histoire est celle d’un brigandage international.

On peut évidemment reprocher aux peuples du Sud de n’avoir pas su se constituer, se renforcer, pour cesser de n’être que des proies. On peut de la même façon reprocher à une femme violée de n’avoir pas pris les leçons de karaté qui lui auraient permis de faire fuir son violeur. Il y a une montée du cynisme dans le monde. En l’espèce, elle se traduit par une sorte de complaisance, voire de déculpabilisation du puissant. Ainsi, le terme d’abus de faiblesse a disparu. Tout se lit à travers la sacro-sainte logique du rapport de forces.

Je ne suis pas plus naïf qu’un autre. Je tiens compte du fait que c’est cette logique qui gouverne le monde. Je plaide donc auprès de mes concitoyens pour qu’ils se constituent en société, qu’ils abandonnent la fausse quiétude du conservatisme pour prendre leur destin à bras-le-corps. Je crois en effet qu’il faut agir sur les ce deux pôles : dénoncer sans relâche les crimes commis contre mon peuple, ne jamais cesser de pointer un doigt accusateur contre leurs auteurs, appeler sans cesse mes concitoyens à un sursaut pour qu’ils ne revivent plus les années noires de la soumission et des massacres de masse.

Pour l’heure, je ne peux que constater qu’il y a de plus en plus de voix qui appellent à l’oubli et qui reprennent inconsciemment le discours essentialiste que tient (mezzo voce !) l’Occident. Ces voix vont ainsi jusqu’à accabler le peuple de leur mépris.

Un gros mot ? C’est probablement ainsi que sera reçue par d’aucuns l’affirmation que ce peuple a bien des défauts mais qu’il a en lui quelque chose d’auguste, qui relève du don de soi, de l’attention aux autres. Ces caractères se dérobent à la vue de bon nombre de nos intellectuels qui oublient, dans leurs adresses à leurs concitoyens, l’empathie !

 

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L’Occident et nous 

« Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples », disait le Général de Gaulle. Et d’ajouter aussitôt : « «Je savais qu'au milieu de facteurs enchevêtrés une partie essentielle s'y jouait. Il fallait donc en être.» 

Je n’éprouve aucune sympathie pour de Gaulle. On a certainement tort de lui attribuer le beau rôle dans l’issue de notre guerre de Libération. Son seul mérite en la matière, mais il n’est pas mince, a été de comprendre avant les autres, dont le réputé visionnaire Pierre Mendès-France, le caractère inéluctable de notre indépendance. Il faut cependant lui reconnaître une certaine grandeur qui lui vient de son éducation dans cette vieille noblesse française qui savait que l’Histoire est tragique. C’est cette éducation qui a enfoui son racisme originel sous la fascination qu’exerçait l’Orient sur cette même noblesse.

Cette fascination a disparu. Une nouvelle génération de dirigeants occidentaux, plus médiocres les uns que les autres, est apparue en même temps que les tenants d’une philosophie vulgaire et d’une littérature majoritairement imprégnée de l’air insalubre qu’exhale la France d’aujourd’hui. Ce constat peut être étendu à l’Occident dans son ensemble, celui de Sarkozy, Berlusconi, Cameron… Leur avènement ne doit rien au hasard. Il est concomitant de la désacralisation générale que connait l’Occident. Les peuples élisent des dirigeants qui leur ressemblent, de préférence à des candidats susceptibles de prendre de la hauteur. Ceux-ci, à l’instar des nobles d’hier, connaissent en effet le tragique de l’Histoire et font très attention à ne pas la torturer. De Gaulle n’aurait pas envahi l’Irak au prix d’un invraisemblable mensonge, non par sympathie pour les Irakiens, sympathie qu’il était loin d’éprouver. Il connaissait toutefois la profondeur de ce peuple et le danger de libérer des forces incontrôlables en prétendant fonder un ordre nouveau en faisant donner le canon contre un emblème de la civilisation humaine…

En fait, c’est le temps des voyous, y compris en Occident. Ils sont dans la haute finance, dans la police, dans les gouvernements. Au besoin, ils montent des bateaux invraisemblables et ils font disparaître l’un des plus vieux pays au monde. Ils soutiennent la « démocratie » israélienne, car il est bien connu que les voyous se soutiennent entre eux. Ils font sauter la Libye. Ce faisant, ils ont produit Daesh, et tous les Daesh qui ne manqueront pas de proliférer en remerciant l’« œuvre occidentale ».

Je fais partie peut-être de ce fameux chœur des pleureuses qui s’obstine à rappeler à l’Occident ses méfaits, les massacres des Indiens, des Algériens, des Vietnamiens…, l’attentat qu’il perpètre chaque jour contre notre bonne vieille planète, sa propension à s’ériger en parangon de vertu quand toute son histoire est celle d’un brigandage international.

On peut évidemment reprocher aux peuples du Sud de n’avoir pas su se constituer, se renforcer, pour cesser de n’être que des proies. On peut de la même façon reprocher à une femme violée de n’avoir pas pris les leçons de karaté qui lui auraient permis de faire fuir son violeur. Il y a une montée du cynisme dans le monde. En l’espèce, elle se traduit par une sorte de complaisance, voire de déculpabilisation du puissant. Ainsi, le terme d’abus de faiblesse a disparu. Tout se lit à travers la sacro-sainte logique du rapport de forces.

Je ne suis pas plus naïf qu’un autre. Je tiens compte du fait que c’est cette logique qui gouverne le monde. Je plaide donc auprès de mes concitoyens pour qu’ils se constituent en société, qu’ils abandonnent la fausse quiétude du conservatisme pour prendre leur destin à bras-le-corps. Je crois en effet qu’il faut agir sur les ce deux pôles : dénoncer sans relâche les crimes commis contre mon peuple, ne jamais cesser de pointer un doigt accusateur contre leurs auteurs, appeler sans cesse mes concitoyens à un sursaut pour qu’ils ne revivent plus les années noires de la soumission et des massacres de masse.

Pour l’heure, je ne peux que constater qu’il y a de plus en plus de voix qui appellent à l’oubli et qui reprennent inconsciemment le discours essentialiste que tient (mezzo voce !) l’Occident. Ces voix vont ainsi jusqu’à accabler le peuple de leur mépris.

Un gros mot ? C’est probablement ainsi que sera reçue par d’aucuns l’affirmation que ce peuple a bien des défauts mais qu’il a en lui quelque chose d’auguste, qui relève du don de soi, de l’attention aux autres. Ces caractères se dérobent à la vue de bon nombre de nos intellectuels qui oublient, dans leurs adresses à leurs concitoyens, l’empathie !

 

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