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HOMMAGE A Mohammed OULD KABLIA  

Le jeudi 29 aout 2013 nous quittait Mohammed OULD KABLIA, Moudjahed, grand serviteur de l’état et ancien élève de notre lycée. Pour honorer sa mémoire, nous vous présentons sa biographie

Biographie de Mohamed OULD KABLIA

Mohamed Ould Kablia est né le 6 mai 1932 à Tanger où son père exerçait depuis deux années, la fonction d’officier de la garde du sultan Mohamed V. Il fait avec son frère Dahou et sa sœur Zoubida des études primaires dans cette ville avant le retour à Mascara de toute la famille en 1940 au lendemain de la déclaration de guerre entre l’Allemagne et la France.

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Le noeud gordien algérien-suite3

par Mustapha Benchenane * & Brahim Senouci **
Quatrième partie : Un système opaque et corrompu 

UN POUVOIR OPAQUE ET INEFFICACE 

Il est abondamment question du « pouvoir » dans ce qui suit: L'usage du singulier est probablement infondé. Il semble bien qu'il y ait plusieurs centres de décision et donc, des rapports de force qui se traduisent par des montées de fièvre épisodiques, des démissions, des disparitions. Ceci étant posé, et pour ne pas alourdir la lecture, nous nous en tiendrons à ce vocable pour désigner la nébuleuse qui nous gouverne. Par ailleurs, si nous portons un regard sans concession sur le pouvoir, nous restons néanmoins persuadés qu'en son sein, il y a des patriotes intègres qui souffrent de la situation du pays. Certains lancent à intervalles réguliers des signaux d'alerte. De la même manière, nous ne cédons pas à la facilité d'opposer un régime absolument mauvais à un peuple qui serait totalement vertueux. Les pratiques du régime, faites d'arbitraire et de passe-droits, ont largement déteint sur la population et sont devenues quasiment devenues la norme. 

Le pouvoir est exercé dans une totale opacité. Ses tenants sont fidèles en cela à une longue tradition du secret dont les racines plongent dans la période de clandestinité qui a précédé et accompagné la guerre de libération. Tout comme il y a plusieurs décennies, le régime présente une façade parfaitement lisse qui cache de plus en plus mal les conflits et les tractations permanentes entre les différents centres de décision. L'objet de ces tractations est de parvenir à des arrangements de nature à permettre aux acteurs de trouver des modus vivendi et de prospérer de concert. De temps à autre, des signaux traduisant des phases de crise sont reçus par le public, sous la forme d'un mouvement inopiné de hauts fonctionnaires, de mises à la retraite de généraux ou de mesures de disgrâce brutales infligées à des hommes politiques que l'on croyait intouchables. Le peuple est totalement mis à l'écart. Tout se passe comme s'il n'existait pas, sinon comme une source de nuisance potentielle qu'on désamorce à intervalles réguliers à coups d'augmentations de salaires, d'attributions de logements ou de prêts généreux (remboursables mais généralement non remboursés) à de jeunes chômeurs sur présentation de dossiers d'investissement squelettique. A intervalles réguliers, le peuple est convoqué pour des scrutins destinés à donner une caution « démocratique » aux décisions prises dans le secret des conciliabules obscurs. Parfois, on laisse se déployer des mini guerres civiles qui font des victimes, comme à Ghardaïa ou à Constantine. On n'a pas su empêcher les stades de devenir des volcans où la haine s'épanouit à l'état brut. L'épisode Ebossé, du nom de ce footballeur camerounais tué dans l'enceinte du stade de Tizi Ouzou, officiellement par un « projectile tranchant » lancé des tribunes, en a été le point culminant. 

L'armée, troupe et services de sécurité, épine dorsale du régime depuis l'indépendance, est une énigme. Sans oublier le rôle qu'elle a joué à des moments clé de la vie de la Nation, notamment durant la décennie noire, ou au moment de l'assaut terroriste sur la base d'In Aménas. A propos de ce dernier, si on peut avoir une appréciation positive du rôle de l'armée après que les terroristes l'aient investi, on peut s'étonner que cette base si importante, vitale même, ait pu être attaquée et occupée par des dizaines d'hommes, armés jusqu'aux dents, ayant traversé un désert au relief uniformément plat, n'offrant aucune cachette possible, juchés sur des dizaines de quatre-quatre. Cela dénote à tout le moins une très grave défaillance des services de sécurité. De même, nos montagnes continuent d'abriter des bandes armées qui kidnappent, terrorisent, assassinent. Sans doute l'institution militaire, délaissant ses missions constitutionnelles dont elle est distraite par le fait qu'elle exerce une influence déterminante sur la politique de la Nation, est-elle moins performante dans la protection des siens… La violence n'est pas seulement politique. Elle est aussi ordinaire. A la nuit tombée, les rues de nos villes deviennent des coupe-gorge. Les agressions, les atteintes aux biens et aux personnes, sont monnaie courante. Des querelles de voisinage débouchent régulièrement sur des batailles rangées pouvant se solder par des morts. Une tension permanente, presque palpable, fait partie intégrante de nos paysages urbains. On ne peut que constater l'inefficacité du pouvoir dans l'une de ses missions principales, celle qui consiste à garantir la sécurité de sa population. 

ET POURTANT, IL DURE… 

Il faut reconnaître au pouvoir une certaine intelligence qui lui permet de survivre. Il a su lâcher du lest après les émeutes d'octobre 1988, en octroyant certaines libertés. Dans l'Algérie d'aujourd'hui, l'expression est à peu près libre, tant qu'elle s'exerce dans un cadre qui ne le menace pas. On peut ainsi critiquer des personnalités du régime sans encourir la prison. En fait, nos gouvernants ont compris que cette liberté, loin de constituer un danger pour eux, joue en fait le rôle d'une soupape de sécurité. Ils savent en effet que la société n'est pas suffisamment mûre pour utiliser cette liberté pour construire une alternative crédible, parce qu'elle ne la souhaite pas ! Le changement en Algérie lui semble en effet plus lourd de menaces que le maintien du système actuel, pourtant en état d'échec patent, ce qui en dit long sur l'état de notre société, gouvernée par la peur, la peur du désordre, la peur d'elle-même, qui se souvient des monstruosités de la décennie noire. En fait, la suprême habileté dupouvoir a été de déléguer l'étouffement de toute velléité de changement à la société elle-même qui fait montre, en la matière, d'une très grande efficacité ! Alors, la liberté de la presse, l'ouverture de ses colonnes aux expressions les plus diverses, sont anecdotiques, en l'absence de la possibilité d'une agrégation des mécontentements et leur traduction en une offre politique de nature à inquiéter le régime. Celui-ci continue de trafiquer les élections, d'afficher un pseudo pluralisme politique, de fouler aux pieds la constitution qu'il ajuste à ses besoins propres, d'instrumentaliser la justice. La « nomination » pour un quatrième mandat d'un président malade, absent, a eu un effet plus pervers qu'un simple discrédit de la politique. Il ne faut point se cacher en effet que le président disposait d'une vraie assise populaire et que ses supporters ne lui en ont pas voulu d'avoir torturé la constitution, d'abord en la modifiant pour lui permettre d'exercer un troisième mandat, ensuite en ignorant l'un de ses articles qui aurait pu lui valoir un empêchement, eu égard à son état physique. 

COMMENT EN EST-ON ARRIVE LA ? 

Quel contraste entre l'Algérie d'aujourd'hui et celle des deux premières décennies de l'indépendance ! Forte d'un capital symbolique inestimable, notre pays aalors un réel rayonnement dans le monde et joue un rôle de premier plan dans le soutien aux peuples opprimés, en Palestine, en Afrique du Sud… . L'Algérieest encore dans la dynamique de la guerre de libération nationale. Après avoir gagné la bataille de l'indépendance politique, elle fait plier une deuxième fois l'ancienne puissance coloniale en nationalisant d'autorité ses richesses pétrolières et minières. C'est aussi le temps de l'illusion lyrique, celle d'un puissant mouvement de pays non alignés faisant face aux nations impérialistes. C'est l'ère de la libération des peuples et le style autoritaire de Boumediene, dont la stature se confond avec l'Etat,est accepté parce qu'il prélude, croyait-on, à des lendemains qui chantent. Dans ce contexte historique favorable, l'Algérie a une place de choix sur la scène internationale. Revers de la médaille, c'est aussi le temps des pénuries, des étals déserts et des marchés clandestins de fruits et légumes, conséquence d'une politique intérieure marquée par un volontarisme voisin de l'entêtement qui a présidé à une « industrialisation » factice, accoucheuse d'éléphants blancs, qui ruine l'agriculture et préfigure l'ère rentière. Un vieux dessin de Slim montre un travailleur d'une des innombrables sociétés nationales de l'époque, disant à son patron : « Je touche 5.000 Dinars par mois. Combien m'ajoutes-tu pour que je travaille ? ». 

La mort de Boumediene laisse un pays désenchanté mais riche en devises. Son successeur, Chadli Bendjedid, lance un vaste programme anti pénuries, le fameux PAP. Du jour au lendemain, les magasins d'Etat regorgent des marchandises les plus variées, des produits les plus improbables, des raquettes de tennis aux pianos à queue. La diversité des fromages de France se décline à l'infini jusque dans les régions les plus reculées du pays. Chadli signe ainsi la fin de l'économie administrée au profit, non d'une économie libérale au sens classique, mais d'une économie de bazar consistant à utiliser la rente pétrolière pour satisfaire les besoins d'une population dispensée de travailler. La chute brutale des prix du pétrole signe la fin de cette prospérité artificielle.L'endettement extérieur explose. Le service de la dette ponctionne 90% des recettes d'exportation. Le pays est contraint de passer sous les fourches caudines du FMI. L'»Etat» algérien, contraint à un rééchelonnement humiliant, cesse de jouer son rôle d'Etat stratège. La faillite sur les plans économique et social s'est traduite par l'instauration d'un climat d'anarchie et d'émeutes, débouchant sur la tragédie de la décennie noire. Ostracisée dans le monde, baignant dans la terreur et le sang, l'Algérie s'est retrouvée dans une situation de solitude quasi-totale après le détournement de l'Airbus d'Air France, en décembre 1994. Le gouvernement de l'époque a dû ravaler quelques misérables reliefs d'une fierté hors d'âge en acceptant que l'avion, avec plusieurs centaines de passagers algériens à son bord, quitte Alger pour Paris, permettant ainsi à des forces françaises de dénouer la crise. Dès lors, les compagnies aériennes étrangères désertent le pays qui entame une longue période de mise en quarantaine. Bouteflika est élu pour son premier mandat en 1999, à l'issue d'une campagne marquée par des irrégularités telles que ses six adversaires ont préféré abandonné une partie dont le terme était connu. Le nouveau président s'est donné comme principal impératif de briser cette quarantaine par tous les moyens. La remontée des prix du pétrole l'y a aidé. Il a de plus choisi de renoncer à la singularité de l'Algérie sur la scène internationale en adhérant au dialogue méditerranéen de l'OTAN et d'engager une coopération tous azimuts avec les Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001. L'Algérie n'est plus isolée mais son poids sur l'échiquier international est à peu près nul. Le culte du secret est la seule caractéristique qui a survécu au grand chambardement. Le pouvoir est devenu de plus en plus indéchiffrable. Bien sûr, il y a un gouvernement, un premier ministre, des assemblées (mal) élues. Ils ne constituent que la partie visible de l'iceberg. Ils sont là pour la galerie et ils reçoivent des rétributions pour ce rôle, sous la forme d'indemnités délirantes et de sinécures confortables à l'étranger une fois leurs mandats accomplis. Ils n'ont aucun pouvoir de décision. Qu'en feraient-ils, du reste ? Ils auraient pu peut-être donner un semblant de début de crédit à leurs proclamations nationalistes en exigeant de la France le rapatriement des têtes de résistants Algériens, entreposées dans les caves du Musée de l'Homme à Paris après y avoir été exposées pendant plus d'un siècle ! Ils auraient pu froncer un quart de sourcil quand le président qui les a nommés a passé une longue convalescence dans un monument parisien qui abrite les cendres de Saint-Arnaud, de Bugeaud, de Pélissier…, soit les pires massacreurs, enfumeurs et emmureurs du peuple algérien. Le pouvoir de décision s'exerce ailleurs, derrière le rideau, dans le secret des réunions de cabinets noirs dans des villas discrètes. A l'abri des regards, pendant que le bon peuple ironise sur les saillies involontaires du premier ministre de la République, se joue le sort de l'Algérie. 

LA CORRUPTION, UNE MALADIE ENDEMIQUE 

L'abandon officiel des valeurs proclamées du tiers-mondisme, corollaire des nouvelles réalités politiques, n'a pas seulement pour effet un chamboulement de la diplomatie algérienne. Elle en a également sur la politique intérieure. La corruption, déjà présente avant l'intronisation de Bouteflika, est devenue criante, galopante. Elle se développe à la faveur de l'ouverture totale au marché mondial. D'innombrables sociétés d'« import-import » se créent, captant des parts de plus en plus importantes de la rente pétrolière. Une faune d'intermédiaires tire également parti de cette situation en jouant les « facilitateurs » intéressés. Des richesses colossales s'édifient en quelques mois. Les devis s'envolent. L'Algérie a le triste privilège d'avoir fait construire l'autoroute la plus chère du monde et pas nécessairement la plus sûre. En dépit de son prix trois fois plus élevé que la moyenne internationale, elle commence déjà à présenter des malfaçons qui augurent mal de sa pérennité. Les inégalités sociales explosent. Pas un seul secteur de la vie quotidienne ne lui échappe. L'organisation Transparency International classe l'Algérie au 100ème rang sur 175 pays évalués dans le monde, à la 24ème place sur 54 pays notés en Afrique, à la 10ème place sur 18 pays notés dans le monde arabe, derrière la Tunisie et le Maroc. Elle recule d'année en année dans ce classement et figure pour la onzième année consécutive parmi les pays les plus corrompus du monde… 

 La corruption ne concerne pas que les margoulins du pouvoir ou ceux qui gravitent autour du pouvoir. Elle gangrène la société algérienne dans son ensemble. Tous les Algériens ne sont certes pas corrompus mais cette donnée a pris une telle importance qu'elle structure les relations sociales. En fait, les plus téméraires, les moins scrupuleux, reproduisent à l'échelle de la société, les mœurs du pouvoir. Tout se monnaie, un extrait de naissance, un emploi, un sujet d'examen, un diplôme universitaire. La corruption est devenue une dimension pathologique de la société. A tous les échelons, il existe des postes qui fournissent des rentes. Le sentiment national régresse au profit de sentiments d'appartenance à des structures réduites, région, ethnie, puisque personne ne peut vivre sans une affiliation qui le rassure. La notion de citoyenneté n'existe pas. Les comportements de nos compatriotes sont loin d'en relever. L'écrasante majorité d'entre eux ne sont pas engagés dans la vie publique, n'ont pas le souci du bien commun, ne privilégient pas leurs devoirs sur leurs droits. Cela dit, le miracle est permanent. Nous y sommes confrontés chaque jour. Des gens ordinaires se révèlent être pétris de qualités. Ils nous surprennent par leur intégrité, leur abnégation, comme si, au-delà des vicissitudes du quotidien perdurait cette tradition bien algérienne de chaleur humaine et de générosité. Le régime a été incapable d'aider la société à se constituer. Sans doute n'en a-t-il pas le désir. Une population déstructurée est tellement plus facile à contrôler et, au besoin, à réduire, qu'une société organisée et solidaire ! 

* Politologue, Université Paris-Descartes Sorbonne 

** Physicien, Université de Cergy-Pontoise 

 

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Le noeud gordien algérien-suite2

Le nœud gordien algérien

par Mustapha Benchenane * & Brahim Senouci **

Troisième partie : Les difficultés à faire société 

F aire société, qu'est-ce que cela signifie pour un peuple ? C'est, pour chacun de ses éléments, le fait de partager des valeurs, de préférer l'organisation collective au système D individuel, de prendre soin de l'espace public, de travailler à la promotion du bien-être général et au développement de la patrie, d'être membre à part entière d'une communauté de destin et, tout en assumant sa liberté, d'avoir le sentiment d'être partie à une œuvre d'édification qui le justifie et le dépasse. Un vieux conte philosophique : Des maçons s'affairent sur un chantier pharaonique. Le roi, passant par là, avise un ouvrier à l'air particulièrement accablé. Que fais-tu, mon brave ?, lui demande-t-il. Je casse des pierres, Sire. Le roi s'éloigne et va vers un autre ouvrier, fatigué mais à l'air plus avenant que le premier. «Que fais-tu, mon brave ?» «Je taille des pierres, Sire.» Un peu plus loin, un troisième ouvrier, s'affaire. Il a une mine rayonnante. «Et toi, mon brave, que fais-tu ?». «Je construis un palais, Sire». 

Le premier ouvrier est prisonnier de l'urgence et de l'immédiateté, dans l'impossibilité de se projeter vers le futur. Il exécute une tâche dont il n'a que le caractère épuisant et ingrat. Le deuxième est un peu mieux loti. La pierre taillée est plus gratifiante qu'une pierre brute. Quant au troisième, il a résolu la question du sens, question vitale l'épanouissement individuel et le développement collectif. Au-delà de la difficulté de son travail, il voit l'œuvre à venir, même si elle n'aboutira pas de son vivant. Il tire sa joie et sa fierté de sa contribution à un ouvrage à la beauté duquel se beauté de l'ouvrage dont les regards émerveillés de ses concitoyens futurs se repaîtront. 

Autre anecdote, rapportée par une vieille amie. Elle a découvert, à la faveur d'un bref séjour à Berlin au lendemain de la fin de la deuxième guerre mondiale, le paysage de ruines et de désolation que chacun peut imaginer… A la fin de son séjour, elle a pris un train pour la Bavière. Elle s'est installée dans son compartiment, incroyablement propre. Elle avise un casque à écouteurs. Elle l'ajuste sur ses oreilles et allume un bouton et… elle entend un lied de Schubert ! Dans l'Allemagne dévastée, la société n'avait pas perdu ses droits. D'obscurs techniciens de la compagnie des chemins de fer continuaient de la faire vivre en exécutant des tâches qui auraient pu être considérées comme dérisoires au vu de l'arrière-plan tragique de l'époque, mais qui ne l'étaient pas… 

Le peuple algérien faisait sans doute plus « société » pendant la colonisation qu'après l'indépendance. Le paradoxe n'est qu'apparent. La condition d'opprimé et d'humilié était la norme et constituait, avec la religion et la culture, un puissant facteur d'unité. L'euphorie de l'indépendance a décliné dès que sont apparues au grand jour les divisions au sein du mouvement national, les luttes violentes pour le pouvoir, les règlements de comptes. L'instauration d'un système autoritaire a écarté les Algériens de l'accès à une citoyenneté réelle et les a réduits au rôle de spectateurs du théâtre d'ombres du nouveau pouvoir. Les prémisses du divorce entre la classe politique et le peuple étaient là. Les villes se sont transformées sous l'effet de l'exode des ruraux et des habitants des bidonvilles de leurs périphéries. Ces villes, construites sur le modèle « métropolitain », n'avaient pas vocation à accueillir une population paysanne déclassée. L'architecture n'est pas neutre. Elle véhicule des symboles, une culture, des modes de vie. Jamais les Algériens ne se sont senti propriétaires de ces lieux qui leur ressemblaient si peu. Ils les ont investis comme des prises de guerre, sans avoir mis en place un mode de fonctionnement de nature à assurer leur entretien. Ils se sont ainsi révélés incapables de définir un mode d'organisation collective permettant d'entretenir les parties communes, d'assurer la propreté de la cage d'd'escalier ou de réparer la minuterie. Chacun s'est débrouillé, en balayant juste devant son seuil et en assimilant l'espace commun à une décharge. 

Chacun a installé une ampoule au-dessus de sa porte, juste pour éclairer son voisinage immédiat. L'insécurité aidant, des barreaux se disputant un concours de laideur sont venus boucher la moindre ouverture vers l'extérieur. Ces barreaux n'étaient utilisés que dans les étages les plus bas, les plus accessibles à des voleurs particulièrement lestes. Ils ont gagné les étages les plus hauts, en dépit du bon sens, aucun voleur ne pouvant accéder au 10ème étage d'un de ces nouveaux immeubles qui tutoient les nuages, et en repartir par le même chemin avec un réfrigérateur, un poste de télévision et une machine à laver sur l'épaule ! Bien que devenus pour beaucoup copropriétaires de leurs appartements, nos compatriotes n'arrivent toujours pas à régler les problèmes de la vie en collectivité. La prolifération d'antennes paraboliques ajoute une touche hideuse à nos immeubles. A leur apparition, on a pu croire que l'engouement pour ces antennes pouvait avoir un effet vertueux. Les premières installations étaient collectives. Des dizaines, voire des centaines de familles, se cotisaient pour acheter et installer une ou deux paraboles, des démodulateurs et faire en sorte d'avoir accès à des chaînes définies en commun. L'explosion de la proposition des programmes, la chute des prix des équipements, a conduit la majorité des foyers à se doter d'équipements individuels, ce qui s'est traduit par l'apparition de ces forêts d'antennes paraboliques sur les toits, les fenêtres, dans une parfaite anarchie. La médiocrité des programmes proposés par les chaînes publiques pousse les Algériens à se tourner vers l'Orient ou vers l'Europe.La distension du lien social est concomitante de l'emprise de la télévision et de ses corollaires, la disparition de la lecture et l'affadissement des soirées familiales. La violence est omniprésente, à l'état latent. Elle explose en émeutes, souvent meurtrières, à l'occasion des distributions de logements sociaux, voire d'une simple querelle de voisinage, ou d'un match de football. Elle peut aussi être dirigée contre soi. Les statistiques en matière de suicides sont effrayantes. Le phénomène des immolations par le feu, par lequel l'auteur proclame son désespoir et son désir de ne plus laisser de traces physiques de son passage sur cette terre, a pris une ampleur particulière. L'absence d'instances de médiation fait de la violence non pas le dernier mais le premier recours. Les solidarités ancestrales sont mises entre parenthèses. Elles réapparaissent toutefois, sous le coup de l'émotion provoquée par un décès ou une catastrophe naturelle, avant de refluer. 

Comment ne pas évoquer les harraga, ces jeunes gens qui risquent leur vie pour fuir un pays lumineux, richement doté par la Nature, pour les brumes d'un Nord hostile et une vie de vendeur clandestin à la sauvette ? Le tableau est sombre, certes. N'oublions pas les rares et précieuses taches de couleur que constituent ces initiatives locales, certes marginales mais génératrices d'espoir, sur l'environnement, la préservation des forêts menacées par l'avidité de promoteurs immobiliers, la défense et la remise au goût du jour du patrimoine, la pratique du théâtre ou de la musique, et surtout, oui surtout les initiatives citoyennes à caractère mémoriel, telle l'érection d'une stèle devant la grotte où sont morts, enfumés par Pélissier, 1500 membres de la tribu irrédentiste des Ouled Riah le 18 juin 1845. 

* Politologue, Université Paris-Descartes Sorbonne 

** Physicien, Université de Cergy-Pontois 

Lire la quatrième partie

A.KHELIL-Les enfants" caméléons"

LES ENFANTS « CAMÉLÉONS »

En ces années cinquante et début soixante, baignées dans une atmosphère de terreur, de peur, d’inquié-tude et d’incertitude, personne ne savait si la guerre de libération nationale qu’ont précédées les insurrec-tions ininterrompues depuis la conquête coloniale de notre pays, de génération à génération, allait finale-ment aboutir à l’indépendance en 1962, et à la déli-vrance de tout un peuple, épuisé et meurtri dans sa chair.

L’enfant frêle, mal nourri, mal vêtu, et mal chaussé que j’étais, à l’instar de bien d’autres bambins de mon âge et de ma condition, c’est à dire la plus grande majorité des algériens, pris dans un tourbillon de haine d’adultes, ressentie de façon intuitive com-me dans toute chose cachée, sérieuse et frappée du sceau du secret, se devait d’accomplir, sans que l’on lui est expliqué, un rituel à priori banal.

En réalité, et à bien des égards, il était plutôt de la plus haute importance, en tant qu’acte de résistance unitaire d’un peuple, non enclin à croire à cette « filiation gauloise » que l’école française cherchait à lui coller, en dépit de tout bon sens, sans quelle ne soit de prés ou de loin, un segment avéré ou tout au moins soupçonné, de son identité. Encore que certai-nement, cela n’aurait eu aucune retombée positive, sur sa vie misérable de tous les jours. Alors ! Pourquoi leur ferait-il ce cadeau, de devenir « français de souche », par infraction, ou même par défaut ?

                                                    

Le choix porté sur ma personne par le « fkih » qui me remettait la clé de notre école coranique chaque fin d’après midi, n’avait pour toute explication sérieu-se, que la proximité de notre domicile familial, soit à peine une dizaine de mètres, de ce haut lieu de « résistance implicite », garant de nos valeurs identi-taires. J’avais donc pour obligation, moi le « vertueux » malgré lui, parce que désigné que par commodité de voisinage, de procéder de très bonne heure  et pratiquement aux aurores, à son ouverture avant l’arrivée de mes autres camarades. Accom-pagné en cela par mon frère Ali, à vrai dire c’était pour nous, plus une corvée qu’un acte militant de résistance perçu à sa juste valeur, chez les gamins non initiés que nous étions, à cette « gymnastique » des grands, qui nous n’était pas coutumière.

Avec notre petit niveau de perception des choses de la vie en ces temps là, nous étions dépassés par le jeu secret entre adultes, et manquions plutôt de sommeil, parce qu’affaiblis par ces nuits glaciales d’autrefois, perturbées en hiver par cet exercice incessant, pratiqué par les deux extrêmes de la chaine de « couchage collectif » à même le sol, qu’avaient imaginé nos parents pour régler ces ques-tions épineuses de l’exiguïté, et de la nécessité de lutter du mieux qu’ils pouvaient, contre le froid.

En somme, un « truc » qui apporte un peu de cha-leur humaine, à défaut de celle d’un vrai chauffage, comme il en existait dans le camp adverse. Il faut dire aussi, que le « canoun », à charbon de bois, cet ustensile en terre cuite qui faisait partie de notre paysage, était proscrit le soir, pour ses risques d’émanation de gaz carbonique. Pas bêtes nos parents ! N’est-ce pas ! Attention au « maroub » criait ma mère ! Sortez-le ! Il risque de vous asphy-xier !   

Il y avait aussi, la corvée qui consistait à verser au milieu de la nuit, comme dans un cauchemar d’un « film hitchcockien », l’eau recueillie des fuites d’une toiture détériorée, mais jamais restaurée. L’on faisait semblant de dormir, pour ne pas avoir à exécuter avec promptitude, en cette heure très matinale, cette directive  intimée après un moment de silence, par mon père « Sidi Ben-Brahim », qui en l’absence de volontaire, finit par désigner par son nom, d’une voix autoritaire, celui qui aura à le faire sans rouspéter.

La tache était exécutée bien sûr, mais non sans déranger dans son demi sommeil, tout le reste de la fratrie, comme pour se venger d’être sorti de la chambre, pour vider cette lourde bassine en zinc dans la cour, au risque d’écoper une sinusite ! Il me vient à l’esprit, que ce supplice du goutte à goutte régulier au milieu des nuits obscures, faites de vent glacial, de hurlements lointains de chiens, probable-ment eux aussi affamés, de frayeur et de peur, était somme toute, un véritable cauchemar comparable à celui de ces films d’horreur de « Frankenstein ».

Mon père, à l’instar de tous ces braves gens d’autre-fois, attentif au respect des valeurs de notre identité arabo-musulmane fussent-elles contraignantes, était à ce sujet intransigeant, et ne manifestait aucune pitié à nous tirer du dessous du « bourabah », si par malheur nous voulions gagner quelques minutes, nos têtes enfoncées dans son chaud lainage , telles ces perruches « inséparables », après le retentissement de la sonnerie très matinale, du fameux réveil « Bayard », dont le tic-tac berçait notre sommeil, au milieu de ces nuits froides et agitées.

Dans la cour glaciale que nous traversions de très bonne heure et dans l’obscurité, non sans rechigner, mis réveillés, mis couchés, ils nous arrivaient souvent de trainer la patte, face à cette corvée épouvantable. Je me souviens qu’une fois, mon père a trouvé mon frère endormi sur le seuil de la porte d’entrée de notre maison. Inutile de vous dire, la raclée qu’il a reçue en cette matinée frisquette !

C’est que chez mon « vieux », toutes les erreurs se payent « cash », et sans avertissement ! Les traî-nards, les paresseux et les fainéants n’ont qu’à bien se tenir, s’ils veulent éviter les punitions à la ceinture en cuir épais de « vachette », et à la boucle large en cuivre massif qui lui a été offerte, par son ami et voisin, Si Habib, ce policier par fonction seulement, celle qui assure le pain à sa famille, mais non moins militant de la première heure.

Ce chahid, dont Hama, Brahim et Bachir, ses fils valeureux de la lignée des Chorfas des M’hadjas d’Ain-Fekan sont mes amis d’enfance, était très apprécié par les gens de notre quartier sur lesquels il veillait, comme sur la prunelle de ses yeux ! Gloire à toi Si Habib Senouci, et à tous ces martyrs qui interpellent la mémoire des adultes que nous som-mes devenus, particulièrement en ces moments diffi-ciles.

De nos jours, si nous parlons de rêve brisé, c’est que l’honneur et la dignité sont devenus des valeurs sacrifiées à l’autel de la compromission avec l’enne-mi d’hier, qui sait dans la permanence de sa foi, et comme par le passé, conjuguer ses intérêts au présent et au futur, en distribution des satisfécits à ceux qui lui sont assujettis. Que Dieu les maudisse ! « Allah Yan Halhoum » ! Ils nous ont déshonorés ! Que la malédiction des martyrs, telle cet « œil de cahin » les poursuive jusqu’à la fin de leurs jours, de misérables « néo-collabos » !

Ceci pour dire, que dans l’imbroglio de notre révolu-tion, les camps n’étaient pas si distincts et si étan-ches, comme d’aucuns voulaient le faire croire ! Et les jugements pouvaient être facilement faussés ! Chacun selon sa conscience et du mieux qu’il pouvait, faisait son devoir dans la clandestinité, au point où ses proches l’ignoraient, jusqu’au moment où l’on venait le chercher à grand bruit de bottes, de gesticulations musclées et nourries de coups de crosses, sous le regard apeuré des femmes et des enfants, le plus souvent sans retour.

                    

Dans cette « responsabilité » qui m’était confiée, l’on n’est jamais au bout de ses peines, et jamais très loin de la correction ! Et bien souvent, ils nous étaient difficiles, mon frère et moi, nous les gamins sortis de bonheur à jeun, de manipuler cette grosse clef introduite dans une serrure rouillée, qu’à deux mains presque gelées par la brise matinale, nous ne pouvions ouvrir ! Avec du recul, et en grattant un peu dans ma mémoire, il me semble que cet « engin métallique » qui vous troue la poche, était comparable à ce trousseau de clefs de ce petit bonhomme « passe-partout » de « Fort boyard » cette émission de divertissement, que bien des gens de chez nous regardent ! Même qu’une variante algérienne existe, avec le même décor !

À l’arrivée du « fkih », bien des fois la porte n’était pas encore ouverte, et bonjour les dégâts pour les petits « talebs » somnolents, et pas très pressés                                                  que nous étions. Alors ! Pris comme par une sorte de frénésie, il se mettait à nous assigner une flagellation collective à l’aveuglette, sur toutes les parties du corps, tels des « autographes » avec son «méchâat», cette longue tige d’olivier sauvage « zeboudj », endurcie et bronzée au four traditionnel à bois, de Si El Habib « el kouach », comme pour laisser des traces mémorables, chez les enfants punis.

Ce personnage mythique de notre quartier, dont le visage a fini au cours du temps par prendre la cou-leur d’un mélange de cendre et de charbon, arrivait à reconnaître toutes les galettes de pain d’orge, de blé dur ou de blé tendre, qu’on lui ramenait  pour la cuisson. Son astuce à lui, était dans l’identification de chaque famille  par un signe particulier. Cette trou-vaille d’un « ADN boulangère » mise au point par ses soins, prenait la forme imprimée sur le pain : d’un croissant, d’un arrondi de cuillère, d’une fourchette, d’une clef, d’un « X » ou d’un « Y », de deux points séparés par un « I » majuscule, d’une lettre amazi-ghe, d’extrémité de doigts d’une main, ou tout autre signe, fruit de son imagination féconde.

Il aurait même ajouté à son répertoire signalétique, en fervent admirateur d’Hitler, dont il vantait la bra-voure, une croix gammée s’il savait ce que cela représentait, mais sans être pour autant, un nazi ! Même qu’un jour il nous avait raconté avec beaucoup de passion et d’admiration, que le Führer a noyé « Madame Gascar », comprendre par là, l’Ile de Madagascar, avec des ballots  de papier jetés du ciel, pour lui avoir interdit l’accès à son espace aérien.

Voyez-vous çà ! Qui pouvait interdire quoique ce soit à ce dictateur ? N’est-ce pas là du délire, chez ce petit bonhomme constamment exposé à l’ardeur du feu de bois, qui ravive son imaginaire, et lui tourne bien souvent la tête ? S’il vénérait ce personnage, qu’il considérait comme vaillant, c’est juste pour rester dans cette logique qui consiste à dire que: « L’ennemi de mon ennemi, est mon ami » ! Oui ! Il faut croire que notre « kouach » n’aimait pas lui aussi, la « hogra » de cette France coloniale, et son injustice ! C’est que la promesse donnée à tous ses algériens quelle a utilisé comme chair à canon, n’a pas été tenue ! Chez les gens d’honneur de cette époque, la parole est comparable à cette balle qui ne revient jamais sur son parcours, une fois sortie.

C’est aussi simple que cela, chez Si El Habib qui n’a jamais quitté son fournil convivial et chaleureux, comme par devoir ou par solidarité ! Mais que serions-nous devenus son lui ? C’est dire, toute l’importance qu’il avait à nos yeux, particulièrement en cette veille de fête de l’Aïd, où durant toute une semaine, dans un va et vient incessant de plateaux de « kahk », de « ghribia »  de « makrout », et  autres gâteaux secs, jusqu’aux heures tardives de la nuit, il s’attelait à les cuire à point, jusqu’à en extraire les senteurs de vanille, d’essence de fleur d’oranger, de « kababa », de cannelle et d’amende douce. Alors ! Qui peut nous dire, dans quelle caté-gorie de résistance pourrions-nous classer, cet hom-me utile à sa communauté de quartier, et qui bien souvent nous faisait crédit ? Il est vrai que nous lui sommes reconnaissants, même si nous gardions en vers lui, une certaine rancune, quelque peu justifiée, par ce bâton qu’il a séché dans son four à brique réfractaire.   

Sous l’effet de l’intensité des coups de cet instrument de correction, ainsi façonné, nos cris de douleur se mélangés à la récitation de versets de coran, et dans une cacophonie indescriptible, faite de pleurs et de nez qui coulent par rhumes fréquents, l’amplification des décibels plaisait à l’ouïe de nos parents, qui dans leur naïveté étaient de la sorte rassurés sur notre éducation à la criarde. Tout ce passe comme s’il fallait exprimer par la force de la  voix, l’existence et la singularité du dominé, par rapport à la culture du dominant.

N’est-ce pas là aussi, une forme de résistance, dont nos corps chétifs portés autrefois les stigmates de ce résidu d’une bastonnade le plus souvent inexpliquée, si ce n’est par cette haine de l’autre, reportée sur nous, les petits « moutons noirs » et « souffre douleur », par le « fkih » en signe d’impuissance face à sa condition de misère, probablement plus grande que la notre, de par le rôle qu’il jouait dans sa fonction de « courroie » de transmission des valeurs ?

Ce brouhaha durer jusqu’aux environs de sept heure, ce moment fatidique de la délivrance joyeusement manifestée, où il allait nous libérer pour rejoindre l’école française. Il pourra alors communier avec la pensée soufie, le borda de Cheikh El Bousairi, lire Sidi Khelil, psalmodier le coran, faire des talismans aux démunis, pratiquer l’exorcisme sur des person-nes envoutées, voire continuer à dormir dans cette école coranique, vidée de son contenu humain bru-yant. Au diable la barbarie ! Nous sommes enfin libérés ! Bye ! Bye ! Et à ce soir, pour un second épi-sode !

Arrachés des griffes de ce « fauve », endiablé et féroce  qui nous terrorisait, et tels des « caméléons » nous nous mettions tout de suite après dans la peau de ces petits personnages de l’école française « bon chic » et « bon genre », de la discipline et de la rigueur, avec des tabliers noirs quelque peu corrects, des souliers bien que trop usés, mais nettoyés du mieux que nous pouvions, tout en prenant le soin de brosser nos cheveux, et de se rafraichir le visage.

Ainsi accoutrés, nous n’étions pas tout à fait des « stars », mais l’intention du mieux paraître y était, pour n’avoir pas à rougir aux côtés de nos camara-des pieds noirs, dont la condition était juste un peu meilleure. Ils étaient en fait, dans cette équidistance entre nous et les petits enfants de colons. Tant pis ! Nous ne pouvions guère faire mieux, de par notre condition misérable ! Mais c’est toujours çà ! L’hon-neur est sauf !

La transition était ainsi faite à la hussarde et au pas de course, après un très, très, très léger petit déjeu-ner pris debout, qui n’avait pour consistance, qu’une motte de couscous « touba » de la veille, trompée dans du café au lait, dont notre ami Hama était si friand ! Mais qui a dit  que les céréales plongées dans un bol de lait, ce « truc » appelé « corn-flakes », fort apprécié par les enfants obèses d’aujourd’hui, est une trouvaille américaine ? Ô que non ! Ce label bien de chez nous, ne saurait être attribué justement, à cette firme « yankee » de la « malbouffe » mondialisée, qui mérite qu’on lui fasse un procès. Un tribunal d’enfants spoliés de leur petit déjeuner mode indigénat, reste à prévoir !

De toute vraisemblance, cette curiosité américaine n’est à quelque chose près, que de la « touba » dont les grains gonflés ont été aplatis et enrobés de sucre et d’adjuvants, ce qui est certainement moins « bio » que notre produit brut, passé à la « gasâa » en bois et à la valeur, dans un « keskas » en alfa, qui lui imprime son goût. Nous sommes là, dans les pro-duits sains de la terre, de la forêt et de la steppe ! Ce n’est  que du bonheur, que l’on nous ait familia-risés avec ce type de nourriture ! C’est une bénédic-tion et un cadeau du ciel !

Comme quoi, notre révolution était non seulement riche et variée, mais aussi,  source de cette créativité inspirée par la misère de la nécessité, qui a valorisé les produits des terroirs, faisant aussi de la lutte contre le gaspillage par le recyclage des restes d’ali-ments, son challenge ! À la guerre, comme à la guerre ! Rien ne doit-être négligé ni laissé au hasard !  

En ce temps là, Dieu merci, le statut social et le jeu des apparences n’avaient aucune sorte d’importance et aucun intérêt, parce que nous étions heureu-sement, tous égaux face à la misère du ventre. N’était ce pas là, le secret de notre union et de notre réussite à vaincre moralement une grande puissance, alors que nous ne disposions que de  moyens déri-soires ? Cela veut-il dire que la résistance, est plus portée par le cœur, l’endurance physique et l’absti-nence, que par la force des muscles et des armes ?

Dans notre rituel, une fois la mue opérée comme par magie et dans la va-vite, l’on prend le chemin de l’école française, cette institution qui ne badine pas avec les conditions d’hygiène corporelle et sur les apparences, de la tête aux pieds. Avec du recul, j’ai compris que l’imposante présence tous les matins de notre directeur sur le seuil de notre école « Alexan-dre III », semblait traduire le souci permanent du rappel à l’ordre de l’action « civilisatrice » de cette France de la « liberté », de la « fraternité » et de la « l’égalité ».

Ce fonctionnaire, en sa qualité de commis de la république française se disait certainement, que  « l’humanisme » de sa mère patrie, n’était pas perçu à sa juste dimension par les indigènes ingrats, qui ne prennent même la peine d’une toilette correcte, au plus prés des oreilles, qui se doivent pourtant, d’être largement ouvertes pour retenir le flux de messages transmis par la propagande coloniale, même si accompagnés par un minimum de savoir, de l’ap-prendre : à lire, à écrire et à compter.

Qui sait ! Devait-il se dire! Cela donnera peut-être un jour, d’utiles auxiliaires franco-musulmans, dont les colons et l’administration auraient grand besoin. C’est pourquoi, nous fûmes souvent l’objet de remontrances désobligeantes et parfois renvoyés dès le seuil franchi de l’école.

Nous étions en quelque sorte, programmés pour acquérir le savoir minimum, qui puisse nous permet-tre d’accomplir les taches prévues pour nous, sans que nos familles soient consultées ! C’était cela le raisonnement des concepteurs de l’école de l’indi-génat ! Comme si nos parents n’avaient pas eux aussi, leur petite idée derrière la tête ! En mauvais élèves, ces stratèges français ont juste fait l’impasse sur les capacités à penser, de ces indigènes, qui n’avaient rien de sauvage ! N’est-ce pas, que comme dit un proverbe bien de chez-nous : « Celui qui compte par lui même, fait forcément des béné-fices » ? 

Lorsque pris en infraction d’atteinte aux règles qui nous étaient imposées, nous entendions souvent, Monsieur De Fuentès crier : « Vas chercher ton père » ! C’était là, une chose terrible pour tous les enfants, que ce retour précoce à la maison, parce que forcément accompagné par un passage à la trique, et parfois, par une privation alimentaire. C’est parce que dans les temps difficiles d’autrefois, on commençait toujours par corriger son « rejeton » avant toute explication, dans ce royaume des grands, où les petits, ces bouches nombreuses à nourrir, trainés comme un boulet, ont toujours tort.

                                              

Alors ! Pris entre le marteau et l’enclume, dans un jeu pervers entre adultes antagonistes, aux rêves, aux projets et pensées diamétralement opposées, nous finîmes par comprendre, nous les enfants coin-cés entre deux cultures, que nous devions faire en sorte, pour que soient ménagés tout à la fois, le « chou » et la « chèvre ». C’était là bien sûr, chose difficile ! Et quelques soient les difficultés que nous éprouvions à « surfer » sur les contradictions criar-des de ce « statut hybride », c’est malgré tout, dans la joie de l’insouciance de notre âge, que nous retrouvions nos bancs, nos pupitres à encriers en porcelaine, et l’atmosphère de cette classe chauffée au poêle à bois. C’est tout bénéfice pour nous, les  enfants  « frigorifiés » de la veille, et « corvéables » à merci!

Alors, en quoi s’attrouper autour de cette chaleur si attendue, qui vous donne « la pêche » et l’illusion de bien être, est le propre des cancres ? Pourquoi cette méprise pour les enfants démunis qui aspiraient à des commodités des plus basiques ? De toute évi-dence, les nantis de « l’autre rive », celle de l’opu-lence, qui dormaient le ventre plein, le corps plongé dans un matelas douillé jusqu’à la prise d’un copieux petit déjeuner, étaient loin d’imaginer que ce n’était là qu’une « revendication » dignement étouffée au plus profond de nous mêmes, de ce ras le bol des nuits glaciales de notre chez-nous, dont seule l’ingé-niosité en réduisait la souffrance.

C’est tant pis pour eux, suis-je tenté de dire ! Cela a créé parfois de la résistance, a donné de la crédibilité à la haine manifestée à l’égard de leur injustice, et du crédit à notre refus d’assimilation à la tribu de nos « ancêtres les gaulois ». Et nous avions raison de le manifester, parce qu’aucun digne descendant de ces « rustres », n’aurait accepté notre condition miséra-ble, dans cette Algérie dont on disait d’elle, « grenier de Rome », et qui nous a été volée. C’était notre terre, notre soleil, nos montagnes, nos plages et notre désert qu’on nous a confisqués !

 

Après le dégel de nos mains dans une sorte de bous-culade autour du poêle en fonte, le maître agacé par notre chahut, nous demande de rejoindre nos places, et commence alors, cette fameuse leçon de morale en dix minutes, qui vous marquera toute votre vie ! « Qui vole un œuf, volera un jour un bœuf », disait-il ! Mais à bien réfléchir, en quoi sommes-nous con-cernés ? Et pourquoi ce souci de faire passer cette matière en premier ? Mais qu’avons-nous volé à cette France, qui puisse justifier ce cours prématuré de la première heure, qui se devait d’être retenu ? C’est avec la distance du recul et la clairvoyance de la maturité, qu’on se pose plus tard toutes ces questions qui vous taraudent l’esprit, comme si vous étiez constamment rattrapés par ce passé, qui finit par forger votre personnalité, et par apporter les réponses les plus crédibles à vos interrogations.

Et la colonisation qui a volé les meilleures terres à notre paysannerie, les richesses de notre sous-sol et encore, notre dignité, que lui restera telle à prendre, me suis-je dis ? Si un jour, après qu’elle ait tout pris, et qu’il ne nous restera plus rien à lui donner, comment pourrions-nous alors, satisfaire sa bouli-mie ? Quelle contrepartie exigera telle de nous ? C’est dire, que bien naïf est celui qui croit que le feuilleton de la guerre d’Algérie est fini ! Il est à l’image du « feu de l’amour », ce téléfilm américain de plus de quatre mille épisodes, et nos relations sont faites de désamour, de passion, de haine, d’oubli et d’amnésie, mais jamais de reconnaissance de crimes et de repentance.

Tel est notre rapport à la France, qui a pourtant revi-sité sa mémoire côté européen, en tissant de nou-velles relations basées sur la confiance et le respect mutuel, avec l’Allemagne son pire ennemi d’hier, tout au long des deux guerres mondiales. Alors ! Pourquoi tarde telle à le faire avec nous ?

Oui ! Il faut croire que si elle s’entête à refuser se travail de mémoire, c’est qu’elle continue dans son subconscient colonial, qui ne l’a d’ailleurs jamais quitté, à croire et à considérer l’Algérie, comme un de ses départements d’outre-mer. Il y a quelque part, un reste à réaliser d’animosités, qu’il faudra bien finir par solder un jour ! L’avenir des généra-tions futures en dépend ! Y a t-on pensé ?

Après le message en dix minutes de cette morale qui ne nécessite pour tout effort, que de l’écoute mis concentrée, mis distraite et plus tard, de la pensée, le maître passe ensuite à des choses plus sérieuses qui font appel à la vérification des devoirs qu’il nous a demandé de faire chez nous, et des leçons qu’il fallait apprendre la veille. C’est à ce moment que nous étions les plus silencieux.

Il commence à tourner entre les tables, et comme pour être certain qu’il allait nous  prendre en défaut, il fait durer le suspense en tapotant sur sa main avec sa règle en acier, comme pour faire miroiter, une punition toute proche. Il est bien évident, qu’à ce jeu là, nous étions toujours perdant, parce que jamais suffisamment sûrs de ce que nous allions répondre, si nous étions interrogés. Nous nous tenions silen-cieux, les mains croisées, fuyant le regard de ce maître, qui éprouvait un malin plaisir à faire durer le supplice. La question finit par tomber au hasard d’un nom et la punition avec, après l’élargissement de la sphère des interrogés.

Après que sa règle ait rougi nos doigts, il nous demande d’un air méchant : « Copiez-moi cent fois, je dois préparer correctement mes devoirs » ! Petits crétins ! Vous n’apprendrez jamais rien, pestait-il ! Qui pourrait savoir, si notre « instit » Monsieur Bentolila, manifestait réellement une haine envers nous, où s’il était navré par le peu de résultats de ses efforts ? Comment pourrions-nous alors, faire la différence entre ceux qui nous haïssaient, et ceux qui voulaient juste bousculer quelque peu notre fierté, pour nous amener à faire plus d’efforts, nous les victimes de cet ordre inégalitaire, injustement éta-bli à nos dépens ?

Dans cette classe subitement trop calme, s’installe alors une sorte de malaise qui trouve son origine dans l’absence de confort de nos domiciles, ces lieux inappropriés à l’accomplissement de nos taches sco-laires, qui nécessitaient de la concentration lorsqu’il s’agissait de faire ses exercices, et un effort de mé-morisation pour apprendre par cœur un texte. Si c’est ainsi, c’est que l’injustice est passée par là, et que nous avons été sa victime ! Lorsque chaque fois pris en défaut, cela nous désole, parce que nous n’étions pas plus bêtes que les autres !

La sonnerie finie par retentir, et nous rejoignons ces lieux de délivrance que sont, la cour et le préau, pour ce moment de répit de la « récré ». Des grou-pes se forment par affinité, des jeux s’improvisent, et dans un chahut joyeux, tous les enfants sont occu-pés à faire quelque chose qui puisse les distraire, sauf les punis qui restent au piquet.

Au retour en classe, c’est la leçon de langage sur la chasse ! L’on nous parle de fusil, de cartouchière, de gibecière, de races de chiens et de tout ce qui est en rapport avec cette pratique pourtant interdite à nos parents qui n’ont rien de chasseurs, et qui le plus souvent, sont eux-mêmes chassés et pourchassés, à l’image de ces populations des zones interdites, regroupées dans des camps entourés de barbelés et sous surveillance militaire ! Mais Alors ! C’est quoi ce délire ? Il faut croire que tout est fait à contre courant de la réalité de notre vécu, par cette France coloniale qui avait tout faux !

Il est vrai qu’elle était animée par le souci de cacher la vérité à son opinion publique métropolitaine, mais pas seulement ! Mais delà à montrer que les indigè -nes étaient les égaux des français, qu’ils vivent dans une « colonie pacifiée » et qu’ils vont à la chasse, c’est faire passer des vessies pour des lanternes, comme on dit ! L’humiliation, la haine et l’injustice étaient mesurables au quotidien ! Ne pas le recon-naitre est le pire des mensonges ! C’est cela que doivent savoir nos enfants, afin qu’ils ne soient à jamais mis en situation d’être recolonisés !

Une fois la leçon terminée et avant de ramasser nos affaires, le maître dans une dernière apparition de ce premier acte théâtrale d’une matinée qui s’achève, demande aux indigents de lever le doigt ! Qui veut manger à la cantine, nous interpellait-il ? Quelle humiliation que cette invitation à cette soupe fade à finalité bien perçue, fournie par la mairie, qui porte un coup dur à notre dignité ! Malgré cela, nombreux sont nos camarades à lever difficilement le doigt, non sans rougir ! Mais fiers qu’ils étaient, c’était généralement, juste pour prendre le dessert !

  

Au diable la charité de l’école française « laïque » ! Rien ne vaut cette « chorba » qui nous attend à notre retour, même si : viandes, légumes et épices, ces ingrédients déterminants pour son goût et sa saveur, sont difficilement réunis ! C’est bien plus tard, que j’ai compris pourquoi dans notre quartier et juste à proximité du lycée de garçons qui porte actuellement le nom de «Djamel Eddine El Afghani», Ouazana, ce juif pied-noir prévoyant, a installé sa fabrique de pâtes « chante-claire » !

C’est qu’il était assuré d’écoulait son « cheveu d’ange », ses spaghettis et sa semoule, aux nom-breuses bouches à nourrir de notre quartier, et de bien d’autres ! Il était d’autant plus rassuré, qu’à l’exception des différentes préparations culinaires  de la sardine dans tous ses états, du piment rouge ou vert et des salades saisonnières, toute notre alimen-tation tournait autour des pâtes, des légumes secs et de l’inévitable couscous de tous les soirs, dans ses différentes déclinaisons : Taam bel-marga, Taam bel-hlib,Taam safa, Taam bel-khlig, Taam bel-ousban, Taam bel-hout, Berkoukes bel-halib, Berkoukes à ras-el-hanout, Berkoukes bel-ousban !

À l’école, l’après-midi était généralement réservée aux activités de loisirs. Chez Monsieur Bentolila, c’était le dessin et l’impression qui primaient ! Il nous apprenait à accompagner  nos « barbouillages » par un texte, aux fins de  parution dans le journal de l’école. Nous étions de la sorte, quelque peu familia-risés avec la typographie, la ronéo et l’encre noire très salissante ! Qui sait ! Cela pourrait peut-être un jour servir pour faire des tracts ou un journal, si la guerre devait se prolonger !

Il nous mettait dans la peau de ce petit « reporter amateur » chargés de faire un compte-rendu sur une situation du type : « C’est jour de vacances ! Vous allez voir avec votre père, un match entre le Galia (club musulman) et l’avant-garde (club pied-noir) ! Racontez ! Et si c’était là un piège ?

Il est bien évident que sur le terrain de ce stade municipal, il y avait deux équipes face à face avec des joueurs de valeurs et de talents dans les deux camps, dans une position plus de combat, que de jeu ! Ceci pour les protagonistes ! Et au niveau des gradins, c’était arabes d’un côté, et français ou assimilés, de l’autre ! Quelle situation épineuse, que ce match qui ressemble plus à une bataille à décrire par des enfants innocents, ne sachant pas ce qui se tramait derrière cette rencontre sportive somme toute banale, mais ô combien délirante ! C’était là le prolongement du champ de bataille ou de part et d’autre l’on mettait tout son coeur pour que ce soit perçu ainsi !

Dans cette situation, il est bien évident que les petits apprentis reporters, étaient bien dans la difficulté ! Mais alors ! Comment faire attention à cet âge, sur ce que nous devions écrire ? N’y avait-il pas cette tentation intuitive d’une prise de position, ou fallait-il faire profil bas ? Quelle part devrions-nous réserver à l’objectivité, à l’engagement ou à la neutralité ? Que fallait-il faire réellement, dans ce cas de figure ? Ah ! Que s’était difficile d’être enfant en ce temps là ! Je me rappelle, qu’un de notre camarade, que nous appelions de son sobriquet « chabassou », en parfait « cancre » de la pure espèce, et de fainéant invé-téré, avait répondu : « Ce jour là il a plu, je suis resté à la maison » ! L’on dira de lui, que s’était un nul, mais l’on ne sera jamais quel aurait été son parti pris ! Pas si bête le « cancre » d’indigène ! N’est-ce pas ?

Le samedi après-midi, c’était la séance de cinéma, qui nous plaisait le plus ! Nous étions là dans l’attente du signal de notre « instit » : « Allez les gaillards, descendez les bancs, nous disait-il » ! Il est bien évident qu’après avoir exécuté cette tache, que nous trouvions plaisante, nous restions dans cette salle qui nous sert de cinéma, à attendre le reste de nos camarades. Plongés dans l’obscurité, les « petits gaulois » qu’on allé faire de nous, sans que nous voulions nous mêmes le devenir, avaient tout d’abord « droit » à un documentaire de géographie sur un fleuve français, ses affluents et son aire d’influence.

Ça nous faisait visiter cette belle « France civilisée », que nous n’avions jamais vue, et que nous trouvions trop verdoyante, pour nous, qui sommes habitués à cohabiter avec les espaces arides, occupés par l’aga-ve, le figuier de barbarie, le jujubier, le caroubier, l’acacia cet arbre épineux, et le faux poivrier ! Tout au long de ce fleuve « la Garonne », défilaient des châteaux parfaitement alignés, des maisons aux toi-tures en ardoises et à l’identique, qui n’ont rien à voir avec nos maisons cubiques et délabrées, des prairies fréquentées par des vaches  aux mamelles lourdement pleines de lait, des vergers et vignobles bien alignés. Tout cela nous faisait rêver !

C’était là, la parfaite traduction de l’opulence de cette France, qui n’avait aucune raison de se donner la peine pour nous coloniser ! C’est plus tard, que nous avons compris que cette chose qui la faisait courir, était bien enfouie dans les profondeurs des espaces arides et désertiques de cette Algérie, si généreuse et si attractive, pour les yeux des gens avertis qui savent faire la lecture des attraits cachés de sa beauté ! C’est quelle avait de la hauteur de vue, au risque d’être mépriser, et du souci à mettre dans une situation de confort sa progéniture présente, et celle à venir ! Arrive ensuite, le film sur « Charlot », sur « Zorro » ou sur les « Trois mousquetaires ». Tout cela nous plaisait, et nous étions joyeux du début jusqu’à la fin du film, qui clôturait aussi, cette fin d’après-midi !

Nous reprenons le chemin du retour chez-nous, tout en pressant le pas, dans la perspective d’une dégus-tation d’un verre de thé ou d’une tasse de café chaud, le plus souvent accompagné par un bout de pain, ou à l’occasion d’événements heureux, par du « begrir », du « m’semen »,  ou du « m’beses ».

Après cela, jouer n’était que de courte durée ! Quel-ques minutes de toupie, des billes tirées dans des trous, et puis il faut aller maintenant à l’école cora-nique où nous attendait notre tortionnaire ! Ce serais t-il, depuis assagi ? À le regarder de près, il a l’air calme, mais pas sûr qu’il ait changé ! C’est à voir ! Nous nous retrouvions à commenter notre journée à l’école, à railler les malchanceux qui ont essuyé l’humiliation de la punition, de ce faire repasser le film, jusqu’au moment ou le « fkih », dérangé dans sa quiétude, et agacé par notre chahut, redonne du « service » à son long « méchât ».

De sa place, en maître de séance paresseux, et sans se déranger, il commence alors, à nous asséner des coups à intensité croissante, jusqu’à ce que nous atteignions le régime de croisière d’une récitation audible des versets coraniques, que nous devions apprendre par coeur. Il n’est certainement pas mau-vais bougre ! C’est juste une façon à lui, pour souligner sa présence et faire son « boulot » ! Il y va aussi, de son honneur et de sa crédibilité ! Plus nous étions entendus de loin, et plus nos parents étaient rassurés de nous avoir mis entre de bonnes mains, qui savent gérer les petits turbulents, que nous étions !

C’est là, sans doute leur opinion ! Et puis il y avait aussi, cet argent que nous devions lui ramener chaque mercredi ! Alors ! N’est-ce pas là une façon d’attirer l’attention sur l’effort qu’il fournissait, dans cette école coranique qui ressemblait plus à un centre de redressement ? Plus tard dans la soirée, nous serions libérés, mais notre journée et loin d’être terminée.

Nous irons à la maison pour faire d’abord en cachette les punissions de la journée écoulée, et pour préparer par la suite, avec un peu de chance, les devoirs dont nous devrions rendre compte le lendemain, avant l’extinction de la lumière. Dans ce cycle infernal, nous sommes constamment sous la menace d’une raclée. À croire que nous avions des dettes à payer, à tous ces protagonistes qui nous entouraient. Tout ce passe, comme s’ils s’étaient mis d’accord pour nos corriger, et à chacun sans tour ! Pas besoin de se bousculer pour accomplir cette tache. Cà peut-être le matin de bonne heure à l’école coranique, de jour à l’école française, ou le soir à la maison.

Ma mère, lasse de sa journée harassante, nous demande de restituer la « maïda »  sur laquelle nous faisions nos devoirs, afin quelle puisse poser la « gasâa » de couscous qui emplit nos narines par ses bonnes odeurs ! Au diable les devoirs non achevés, les punitions étaient déjà faites, il y avait de quoi négociés le lendemain, avec Bentolila ! Ne dit-on pas, qu’à chaque jour suffit sa peine ? Et puis j’ai fini par comprendre, que ce Monsieur qui vous apprend à faire un journal, n’avait rien de raciste, il est capable de comprendre notre situation et serait peut-être indulgent !

Alors les cartables sont rongés, et commence le dîner, dans le bruit d’un croisement de cuillères, comme si nous étions dans une sorte de course nos déclarée, « du qui mange le plus » ! Cela avait pour effet collatéral des pertes sur la table, ce qui faisait pester mon père : « Ne faites pas tomber la nourriture, nous disait-il » ! Quel respect pour la chose gagnée à la sueur de son front ! Quand on pense à nos habitudes alimentaires d’aujourd’hui et de l’énorme gaspillage de nourriture, l’on doit se dire sans excès, que nos parents étaient des êtres admi-rables ! Quelques minutes après, arrive  le moment du coucher et son lot de cauchemar et d’incer-titudes !

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Vous mes amis (es) qui avez vécu cette époque formidable, n’ayez pas honte de votre condition passée ! Soyez fiers d’avoir été ces enfants de cette double culture, qui a fait de vous ce que vous êtes  devenus (es) aujourd’hui, c’est à dire des êtres accomplis, et ce, quelque soit votre parcours !

Vous êtes maintenant en mesure, de faire la part des choses dans ce qui est le bien, et ce qui est le mal ! Vous savez aussi comment servir votre pays, même si certains parmi nous, n’ont pas été jusqu’au bout de cet idéal, autrefois rêvé et ceux sont égarés en cours de parcours !

À notre réussite, ont contribué bien sûr : nos parents, malgré leur misère, leur inquiétude, leur malheur et leur souffrance, ce fkih qui nous a paru si dur et si méchant à aussi sa part d’ingrédient, ces maîtres de notre école, qui ont forgé votre person-nalité, même si certains parmi eux, vous parais-saient méprisants et racistes !

Les adultes de votre quartier, qui veillait à votre vie en communauté, faite de partage dans la convivia-lité d’autrefois, ont aussi été pour vous, des acteurs essentiels dans cette chaîne de solidarité qui vous a porté au plus haut niveau possible du savoir et de la connaissance transmise aussi, par la voie de l’ora-lité.

La dureté de la vie, dans ses volets : gagne pain et confort familial non garanti, santé aléatoire, som-meil jamais correctement assouvi, loisirs et vacan-ces que fantasmés, ont fait de vous des hommes et des femmes aptes à affronter les difficultés ! Vous auriez-été certainement, des champions dans les épreuves d’endurance de « koh-lanta », si elle avait existé à cette époque ! C’est tout cela qui a forgé votre personnalité, soyez en fiers !

 

 

 

 

 

 

Le noeud gordien algérien-suite

Le noeud gordien algérien (deuxième partie) : des symptômes alarmants

par Brahim Senouci *& Mustapha Benchenane **

1- Au plan culturel, la confusion : Nous serions bien en peine de répondre à une question en apparence simple : « Quelle est la langue des Algériens ? ». Au sens de langue commune, il n'y en a tout simplement pas. Il y a quelques décennies, nous aurions cité l'arabe dialectal et le français. Le kabyle était pratiqué dans une partie du pays, mais ses locuteurs parlaient les deux langues précitées, de sorte que l'on pouvait dialoguer partout. L'arabisation, imposée sans débat, sans organisation, sans formation préalable, a fait deux victimes, le français et… l'arabe ! L'entreprise d'acculturation coloniale a échoué à faire disparaître l'arabe en tant que langue savante (nous reviendrons sur les raisons de cet échec dans la partie qui traite des causes). Les pouvoirs algériens ont presque réussi ! Involontairement, bien sûr… Sans doute étaient-ils mus par l'ivresse de la victoire. Associée à une notable faiblesse intellectuelle, elle a permis le déploiement d'un esprit revanchard dont la politique d'arabisation à marche forcée porte la marque. Pénétrés d'un sentiment de toute-puissance, ils n'ont jamais éprouvé le besoin de faire appel aux lumières des experts algériens qui, bien que peu nombreux, étaient porteurs d'une très réelle compétence. Ils ont ainsi fait de l'objet d'un désir populaire profond, le retour à la langue mère après le long épisode colonial, un point de rejet. L'arabe a été assimilé à ses misérables soi-disant promoteurs, à l'imbécillité de leur dictature, à leur hargne, à leur corruption. Les jeunes gens qui ont été « formés » dans cette langue sont pour la plupart incapables d'appréhender des textes littéraires de qualité. Comme mus par un sentiment de vengeance suicidaire, ils ont massacré la langue et en ont fait un sous-créole, dont on retrouve une version à peine plus élaborée dans la presse de caniveau qui a émergé depuis quelques années. Quant à l'état du français, une anthologie des enseignes de magasins en Algérie suffirait à le décrire. Le tamazight n'est pas exempt de cet abâtardissement. En bref, en matière de langue commune, les Algériens disposent d'un vade me cum de quelques centaines de mots dont certains ont une lointaine parenté avec l'arabe, d'autres avec le français ou l'espagnol.

Or, la langue est la clé de voûte, le noyau dur de l'identité d'un peuple, la maison de son être. Dans le Sud algérien, il existe des ruines de monuments romains et des vieux ksours. Ils sont couverts de détritus. En revanche, les mausolées sont très bien entretenus, toujours propres et accueillants. L'historien Ahmed Benaoum rapporte qu'après avoir interrogé les habitants locaux sur la différence de traitement entre les différents monuments, il s'est entendu répondre que les mausolées devaient leur traitement de faveur au fait qu'ils étaient habités par un « dit ». Cela nous renvoie à la Genèse : « au commencement était le Verbe ! » La dégradation de la langue agit comme une perte de substance et un facteur de violence. Dans son état actuel, notre dialecte commun ne permet pas l'échange ni le débat. Il est trop pauvre pour rendre compte de la complexité des choses et la seule issue qu'il autorise est l'insulte et l'anathème.

Symptomatique, l'afflux des propositions qui fusent de tous côtés l'est assurément, notamment de la part d' «intellectuels» qui nous suggèrent, nous enjoignent plutôt, d'abandonner toute référence à la langue savante, celle de Tarek Ibn Ziad, de Ibn Khaldoun, de Ibn Roshd, mais aussi celle du juif Maïmonide, du Persan Farid-Eddine Attar, celle que les lettrés occidentaux ont dû apprendre pour avoir accès à ses richesses propres et à celles qu'elle ramenait de Grèce, de Chine et d'Inde ? Quelle folie suicidaire que de vouloir se débarrasser de ce joyau qu'ils osent présenter comme un fardeau ? Et au bénéfice de quoi ? Au choix, proposent-ils, le dialectal, autrement dit le sabir inintelligible qui constitue le bruit de fond de nos rues, ou bien le français. Dans le deuxième cas, ce serait la signification d'un abandon total de toute ambition de reconstruire l'imaginaire blessé, mais encore vivant, qui nous a permis de nous défaire de la tutelle étrangère, et de réaliser le rêve brisé du colonialisme, celui d'une population soumise dans sa plus profonde intimité !

2- Le rapport à la religion : Pour qui se promène dans nos villes, le paysage de la plupart de nos rues donne à voir une société baignant dans une religiosité ostensible, un peu à l'image de ce qu'offrent celles d'Arabie Saoudite ou du Pakistan. Hidjabs, djellabas, kamis, tiennent le haut du pavé. Les mosquées, de plus en plus nombreuses, bénéficient d'une abondante fréquentation. Cette apparence n'est pas le gage d'une société imprégnée d'une foi profonde. En témoignent la violence des échanges verbaux, une conduite automobile totalement insoucieuse des codes, la valse des étiquettes dans les marchés, la corruption partout présente, la difficulté d'affronter les cerbères qui montent la garde aux portes des administrations, et surtout, oui surtout, cette caractéristique qui est en totale contradiction avec une des principales recommandations prophétiques, la saleté, omniprésente. Tout se passe comme si, pour la majorité de nos compatriotes, la limitation de la religion à la stricte observance des dogmes et à l'adoption d'accoutrements estampillés « islamiques », étaient suffisants pour s'affirmer musulmans. En-dehors de cela, tous les coups seraient donc permis, le vol, le mensonge, l'hypocrisie. Pire même, les valeurs humaines semblent inversement proportionnelles au degré d'ostentation de l'affichage de la religiosité. Quel violent paradoxe que celui par lequel le musulman, une fois qu'il s'est acquitté des devoirs auxquels le soumet la lettre du Coran, s'estime libéré de toute autre obligation, en particulier de celles liées à l'éthique, à la morale, à l'esprit du Livre en somme ! Quel contraste avec la société de nos aïeux, leur pratique d'un Islam serein, paisible, mais certainement pas « mou » puisque c'est cet Islam qui a été un des principaux facteurs de l'union de notre peuple et qui a lui a insufflé suffisamment de force pour l'aider à venir à bout de l'une des principales puissances militaires de la planète ! Quel contraste entre la modestie des Ramadhans d'autrefois et la frugale splendeur de leurs agapes, et l'étalage obscène de nourritures venues du monde entier qui est la norme de nos Ramadhans d'aujourd'hui.

On pourrait en dire autant de la Fête du Sacrifice. Elle est censée marquer l'entrée symbolique de l'humanité dans la civilisation, en signifiant avec éclat, sous la forme d'une intervention divine, la fin des sacrifices humains. La commémoration de cette fête se traduit aujourd'hui par un giga méchoui, sans autre signification que le fumet des brochettes qui imprègne le pays à cette occasion. Comment ne pas noter également la cacophonie des appels à la prière venant de plusieurs mosquées à la fois, amplifiées plus que de raison et se mélangeant au point de devenir incompréhensibles. Même chose lors des prières surérogatoires des tarawih durant le Ramadhan. Les sourates sont scandées à des rythmes différents, ce qui se traduit par un brouhaha sonore d'une totale confusion. Souvent, la montée de la religiosité a été attribuée à une envie de retour vers le sacré. Cela est vrai sans doute pour une partie de nos concitoyens. On les reconnait d'ailleurs à leur caractère affable, à leur dévouement, à leur implication quotidienne dans les projets solidaires, à la modestie de leurs propos, au caractère neutre de leur habillement et au fait qu'ils n'éprouvent nul besoin de prouver leur foi. Pour la majorité, hélas, leur évolution a été en fait une réponse à la violence bien réelle de l'Occident et les a conduits à épouser une version extrême, fautive, de la religion et d'en faire une arme de guerre. Il y a un troublant parallèle entre cette attitude et celle de nombreux jeunes Européens (de souche !) qui se sont convertis, non à l'Islam, mais à une justification de la violence dont ils sont porteurs, ce qui leur a permis d'y donner libre cours. Cela rappelle ces jeunes gens pâles, aux visages mangés de barbes, qui, pendant dix ans, ont plongé notre pays dans l'horreur d'une guerre absurde, paroxystique, d'une totale inhumanité. L'islamisme, nous disait-on.

C'était en effet le drapeau que brandissaient ces jeunes gens. Mais cette idéologie sévissait ailleurs qu'en Algérie. Elle était puissante en Egypte, en Tunisie, en Syrie… Elle ne s'est pas soldée par des massacres aussi nombreux ni aussi barbares que ceux que notre pays a connus. C'est donc qu'il y a une spécificité algérienne qui n'est pas réductible à la seule dimension islamiste. Alors, plutôt que de chercher ailleurs la source de nos tourments, nous devons chercher en nous-mêmes, dans notre histoire et les traumatismes qu'elle a inscrits au plus profond de notre inconscient, dans notre mal-être les racines de la violence qui a déferlé sur notre pays. Nul débat sur cette question. Pire encore, quand le terrorisme a enfin reflué, le Pouvoir a décrété une « concorde civile » qui a dédouané les meurtriers et a imposé le silence autour de cet épisode sanglant. On a ainsi imposé le refoulement du ressentiment et de la souffrance des victimes. Or, le refoulement provoque des maladies psychosomatiques et le retour du refoulé se fait le plus souvent dans la violence…

 Dans la troisième partie, toujours consacrée aux symptômes, nous traiterons de ceux qui relèvent des difficultés à « faire société », de l'opacité du pouvoir, de l'échec et de la gabegie au plan économique.

* Physicien, Université de Cergy-Pontoise

** Politologue, Université Paris-Descartes Sorbonne

Troisième partie: cliquer sur le lien suivant

LETTRE du Pr A.KHELIL

Parler de cette jeunesse d’hier qui s’est trouvée malgré elle, à la croisée des chemins d’une révolution, n’a rien d’anodin. Bien au contraire, cela peut prendre la forme d’une démarche pédagogique, faite de description d’un quotidien fait de souffrances, de privations, d’injustices, de malheurs, mais aussi, parfois de bonheur et de réussites de diverses natures. C’est là me semble t-il, une manière de désacraliser la puissance de l’argent, la course aux gadgets et d’essayer de fermer cette parenthèse de l’illettrisme, de l’acculturation et de la violence de la décennie noire, en mettant en exergue, l’image d’une société construite à partir de valeurs et de formes de résistance des plus singulières, même si malheureusement cet élan fût brisé. Mais qui sait ! À force de persévérance des hommes et des femmes d’honneur, l’Algérie pourra peut-être un jour, retrouvait sa trajectoire, et renaître de ses cendres !

Vous êtes nés (ées) entre 1940-1950 et vous avez grandi pendant la guerre de libération. Elle s’est donc déroulée quand vous aviez  entre 10 à 20 ans à la veille de l’indépendance (1960) et vous avez certainement beaucoup de souvenirs de cette époque qui puissent me permettre, de mettre en valeur avec votre concours militant et bien veillant,  cette jeunesse qui est la notre, et qui à sa manière, a fait son devoir de « résistance », le plus souvent dans l’insouciance de son âge.

Notre jeunesse est aussi marquée par des émotions et des sensations fortes, par des odeurs gardées au fond de notre mémoire, par des souvenirs de notre quartier, des jeux pratiqués et des relations entre camarades, y compris pieds-noirs et ceux plus douloureux qui ont touché nos proches ! Avec du recul et de la prise de distance par rapport à cette époque mouvementée, que nous reste t-il, qu’il soit utile de transmettre à nos enfants, afin que nul n’oublie ?

Ce travail sur la mémoire des gens de notre génération, se doit d’être organisé dans la forme d’un audit, fait de questions réponses devant permettre de dégager un consensus minimal sur les éléments saillants qui ont le plus marqué notre jeunesse, et sur les formes de luttes jusque là non prises en considération. Pour participer à ce travail qui touchera un échantillon d’amis (es) le plus large possible, à travers un réseau de plusieurs villes  et notamment, nos amis (es) installés à l’étranger, il vous est demandé de fouiller au fond de votre mémoire pour répondre, même de façon succincte mais la plus précise possible, aux questions indiquées dans le formulaire ci-après ! Vous pouvez aussi, ajouter d’autres questions qui peuvent vous paraître essentielles,  auxquelles vous seriez les premiers à répondre, puisqu’étant votre proposition !

NB : Le formulaire renseigné devrait  me parvenir à l’adresse suivante : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 Vous pouvez aussi transmettre ce document à vos amis(es) pour les faire participer à cette Enquête ! Merci pour votre adhésion à cette idée !Je formule le vœu, que  novembre 2014 puisse nous appor-ter une  moisson  en idées nouvelles fécondes, à mettre au service de cette Algérie aujourd’hui orpheline !

QUESTION 1

Si vous avez fréquenté l’école coranique, qu’a représenté pour vous cette institution, dans le contexte de l’époque d’occupation coloniale ?  ............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

QUESTION 2

Votre idée sur l’école française, sur ses principes de laïcité, sur le savoir dispensé et son utilité, sur vos camarades de classes et notamment pieds-noirs ? Quelles étaient vos sensations et vos émotions ? Comment percevez-vous le journal de l’école ? Les remarques et remontrances de l’instit ? ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

QUESTION 3

Que représentée pour vous la réussite au certificat d’études primaires, la sixième et l’entrée au lycée ?  ----------------------------------------------------------------------------------------------------                                                                                                                                          --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

QUESTION 4

Quelle était votre inquiétude en tant qu’enfant, vos rêves et vos espoirs ? --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

   

PUBLICATION DU Pr KHELIL .2

Curieux endroit qu'a choisi le Pr KHELIL pour situer le déroulement de son histoire. Ce choix en réalité n'est pas fortuit: ce phénomène de la file d'attente révèle l'un des malaises chroniques que ressent le citoyen algérien. Pour les deux acteurs de ce roman ce lieu constitue l'observatoire idéal pour scruter, observer et sentir physiquement le resenti de ce malaise social. Le dialogue des deux amis, l'un agronome l'autre journaliste, passe en revue tous les problèmes qui empoisonnent la vie quotidienne de l'algérien. Dans l'épilogue l'auteur propose des solutions basées sur des études scientifiques qui doivent accompagner une réforme en profondeur de notre système socioéconomique et donc politique. Comme d'habitude chaque publication du Pr KHELIL constitue une nouvelle contribution positive  au débat national.A.B

Couverture chos files dattente

   

POINT DE VUE

L’OLIVIER : CE SYMBOLE DE RÉSISTANCE ET DE  L’IDENTITÉ PALESTINIENNE VANDALISÉ PAR                      LES COLONS SIONISTES HAINEUX ET CRIMINELS

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Abdelkader KHELIL*

Depuis l’Antiquité, l’Histoire nous a appris que l'olivier occupe une place de choix dans les civilisations méditerranéennes et l'esprit des hommes et des femmes qui les composent. Il symbolise tout au moins pour les trois religions monothéistes : la paix, la sagesse et l'harmonie. En fait, il a toujours été considéré comme l’arbre vital des peuples méditerranéens vivant dans son aire géographique de prédilection, mais aussi, pour de nombreuses communautés dans le monde qui ne cessent d’apprécier fortement son huile et ses vertus médicamenteuses.

   C’est dire, que l’acte de conserver, de défendre et d’élargir la culture de l'auguste olivier est un impératif croissant à l'heure où le monde cherche désespérément les moyens et les ressources végétales lui permettant de s'adapter au changement climatique, alors que l’empire du mal avec ses armes de destruction massive, sa stratégie et politiques de non développement global s’entête à dégrader notre planète pour imposer son esprit mercantile, dominateur et destructeur au service d’intérêts égoïstes de sa minorité hégémonique.


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