Le changement : une urgence et une nécessité de notre temps ! par Abdelkader Khelil

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Le changement : une urgence et une nécessité de notre temps !

par Abdelkader Khelil

Peux-tu m'expliquer pourquoi il est plus facile chez nous de retirer un visa Schengen qu'une carte grise ? Cette question des plus pertinente est de mon fils ! Il m'attriste de dire que ce jeune de 30 ans, au même titre que tous ceux de sa génération, partage ce sentiment d'amertume et cette frustration face aux guichets de ces autres pays qui les fascinent par le sérieux porté à la gestion de la chose publique et par la facilitation «numérisée» des documents usités dans la vie courante des citoyens ! 

Cette envie de s'assimiler aux autres, à des gens dits «normaux» qui ce sont depuis longtemps affranchis des sévisses de l'administration archaïque, source de nuisances et d'effets collatéraux, traduits le plus souvent en grogne populaire, n'est elle pas des plus légitimes ? Si notre progéniture est révoltée contre nos attitudes de génération ringarde, c'est qu'elle pense à juste titre que ses ainés ont peur d'être dépassé par elle. Sinon, comment expliquer cette frilosité qu'ils manifestent face au changement alors que synonyme de progrès et cette hésitation à leur faire passer le relai ! Bien au contraire, pour peu qu'on soit raisonnables, l'on doit plutôt considérer que c'est là une fierté que d'observer chez nos jeunes, cette prédisposition à s'ouvrir au monde numérisé, pour rattraper progressivement le temps perdu qui fait de nous, les moins bien classés dans beaucoup de domaines, et non des moindres. Oui ! Quoique l'on dise, l'administration électronique évoquée dans un article précédent (Quotidien d'Oran du jeudi 21 et samedi 23 novembre 2013) est pour nous tous, cette bouffée d'oxygène qui sauvegardera notre dignité de citoyens enfin libérés de cette bureaucratie pesante qui accapare l'essentiel de notre temps, nous fatigue, nous stresse et nous empêche de travailler à peu près correctement ! Ceci d'autant plus, qu'il est devenu extrêmement difficile de circuler dans nos grandes villes, très souvent embouteillées, d'où le calvaire pour nos concitoyens, chaque fois qu'ils sont dans le besoin de retirer quelque papier que ce soit ! 

RECHERCHE D'UN BIEN-ÊTRE PLUS GRAND 

Le changement dans les mœurs et pratiques de gouvernance, revendiqué dans les pays arabes tout particulièrement, qu'il soit suggéré de l'extérieur ou supposé spontané à partir d'une volonté interne, est dans l'absolu, positivement connoté. Ce mot «magique», porteur d'espoir est censé être chez toutes ces populations du Machrek au Maghreb, une source d'un bien être plus grand et forcément d'un gain de libertés, particulièrement pour les jeunes lorsque cette évolution est bien sûr, intelligemment et sereinement conduite, dans la conformité des règles de civilité et dans le respect de l'intérêt national ! A bien y réfléchir, c'est sans doute cette volonté de changement bien cogité qui a fait que notre équipe nationale de football a pu être qualifiée pour le Mondial 2014 ! Et pourtant, peu de gens y croyaient après le renouvellement du plus gros du contingent de l'épopée d'Omdurman et de toute la charge émotionnelle que cela a du produire, indépendamment de l'animosité que d'aucuns ont manifesté à l'égard du staff technique et de cette équipe de jeunes, qui ont permis à notre pays de tirer une certaine fierté, même si ce n'est que le temps des festivités de cette manifestation intercontinentale. Oui ! A ce niveau là, l'on peut dire que l'honneur est sauf et notre drapeau pourra bientôt flotter à plein vent dans les stades brésiliens et au plus haut des écrans, au grand bonheur de notre peuple, qui oubliera l'instant d'une fête, toutes ses frustrations, ses déboires et ses besoins non assouvis ! Cette victoire d'une jeunesse correctement encadrée est la preuve qu'il est toujours possible de mieux faire, lorsqu'on est animé par une volonté forte de changement et surtout, quand cette entreprise est conduite par des professionnels ! Alors, faisant en sorte que cette équipe de foot ne soit pas que cette hirondelle esseulée, qui ne saurait faire tout le printemps algérien, qui a besoin de comptabilisé d'autres victoires beaucoup plus significatives dans tous les domaines de la vie économique, sociale et culturelle ! Encore faut-il, que ce déclic psychologique, certes de bon augure, soit considéré comme le point de départ d'une «révolution douce», qui fait toute la différence avec les autres printemps dits arabes, dès lors qu'inscrite sous le sceau du souci de la réussite qui participe au bien-être de nos concitoyens et à la prospérité de notre société. Dieu merci ! Pour notre peuple immunisé par la décennie noire, le changement attendu doit être tout simplement, celui d'une justice correctement rendue, d'un regard magnanime en direction des humbles, d'une école réhabilitée et apte à préparer convenablement le citoyen de demain, d'une formation professionnelle totalement inscrite dans la permanence des arts et métiers, d'une université qui soit en mesure d'innover, de chercher, de trouver et d'éclairer la société, de productions culturelles et intellectuelles riches et diversifiées. Ce bien être auquel nos concitoyens aspirent est aussi, celui de la restauration de notre dignité à travers l'émergence d'une administration moderne qui soit crédible, transparente et proche des préoccupations majeures des citoyens, d'où cette nécessite du passage généralisé à la numérisation des actes et documents administratifs. Ce projet vital de modernisation doit en fait concerner, tous les services publics sans exclusive. De même, dans un pays comme l'Algérie qui compte à l'échelle continentale de par sa position géostratégique et qui dispose de ressources appréciables, le changement souhaité est également, celui du défi à relever de notre sécurité alimentaire et de la maîtrise dans le domaine des énergies renouvelables. Il est tout simplement dans notre cas, cette somme de conjugaison d'efforts d'hommes et de femmes compétents et intègres, dans le sens de la maîtrise des savoirs, de la connaissance et de la technologie, afin d'assurer aux meilleures conditions possibles pour les générations futures, le passage à l'ère de l'après pétrole. Face à cet enjeu majeur d'une nation déterminée à s'inscrire dans l'évolution positive de son siècle, Il n'y a guère de place pour la malice et la ruse de ceux qui ont pris pour habitude de tempérer les ardeurs de notre élite et de notre jeunesse, de différer les échéances parce que la rente énergétique le permet, de tergiverser, de faire un pas en avant et deux en arrière en essayant de gagner du temps, pensant assurer de la sorte leur omniprésence en dépit de tout bon sens ! Il faut se rendre à l'évidence, que ce défi de l'ère du numérique, des sciences et techniques, ne peut être porté que par les jeunes diplômés d'ici et d'ailleurs qui sont la sève bienfaitrice de la nation algérienne. Ce sont ceux là les bâtisseurs de l'Algérie de demain, ces soldats, ces commis de l'Etat de cette seconde république, qui seront en mesure de traduire correctement leurs espoirs d'une vie meilleure, dans un pays où l'on se doit d'être davantage attentif aux questions de l'Etat de droit, de l'égalité des chances, de l'équilibre régional, de l'équité sociale et de la diversité, cette richesse nationale à valoriser au mieux de nos capacités. Oui ! Ce chantier d'une Algérie nouvelle, conviviale dans ses villes et ses campagnes, est à ancrer dans la continuité de l'esprit de novembre, mais cette fois-ci, revisité dans sa relation au travail productif, à la performance et à l'excellence dans l'acte de servir, de produire et de réaliser «Made In Algéria», dans une quête de bien-être pour notre société toute entière et sans exclusive ! Il y a là de toute évidence, trop d'énergie à déployer et à canaliser, ce qui veut dire, que cet espoir d'un pays réconcilié avec lui-même, requiert de la vigueur et ne peut être porté par conséquent, que par une force juvénile convenablement éduquée et formée. Ces jeunes auront alors les aptitudes nécessaires pour assurer sans grand risque, un authentique changement qui se doit d'être, mieux voulu que subi ! Cela veut dire qu'on doit accepter cette évolution normale et naturelle qui doit être cependant gérée avec sagesse et expérience, d'où la nécessité d'accompagner l'édification de cette Algérie de demain, par une démarche globale et proactive, au titre de la solidarité entre générations. C'est cela la continuité dans l'esprit de novembre, et rien d'autre ! 

UNE VISION PROSPECTIVE, UN CAP ET UN HORIZON 

Oui, Il est non seulement illusoire mais aussi risqué de croire que le changement attendu par une société fatiguée par des promesses le plus souvent non tenues et envahie par le doute, ne soit qu'une simple question de dépense publique ! C'est là une erreur, dans la mesure où de la sorte, on est tenté de garder le même personnel pour recommencer les mêmes choses, tout en faisant l'impasse sur la recherche de gens aptes à conduire ce changement. En tout état de cause, il est bien évident que ceux qui s'agitent à la lisière des centres de décisions, ne sont certainement pas les mieux placés pour traduire ce rêve partagé par notre communauté dans toute sa globalité, parce qu'intéressés comme d'habitude, par ce retour d'ascenseur dont ils tirent quelques dividendes ! Alors, il y a là de toute urgence, une décision stratégique à prendre quant au choix le mieux indiqué, des compétences nationales en mesure de changer l'ordre des choses et de redresser la trajectoire de notre dynamique de développement au sens le plus large. C'est de cette manière qu'on pourra ressusciter l'espoir dans de meilleures conditions en termes de respect et de considération à l'égard des citoyens. L'homme qu'il faut à la place qu'il faut, ce slogan dépouillé de tout son contenu, doit aujourd'hui retrouver toute la plénitude de son sens, en donnant la primauté à ceux qui acceptent de servir leur pays sans contrepartie autre, que la considération qui leur est due ! Le changement est en fait une entreprise qui ne peut être managée que par l'élite qu'il convient de réhabiliter dans sa fonction de «locomotive» de la société qu'elle est seule à même de tirer vers des horizons du savoir, de la technologie et du travail productif. Ces hommes et ces femmes compétents ne craignent point cette jeunesse montante et seront bien au contraire, disposés à l'encadrer, à la mettre à niveau et à l'accompagner dans sa vie active, jusqu'à l'aboutissement de sa maturité dans la conduite des affaires publiques et dans le management des différents secteurs de la vie économique, sociale et culturelle. Ce choix approprié est de nature à amorcer le changement qui prend valeur d'un virage décisif pour l'avenir de notre pays. Il reste que cela ne saurait suffire si l'on ne songe pas à la mise en place d'un Haut Commissariat à la Planification et à la Prospective, pour encadrer cette dynamique qui doit forcément s'inscrire dans une vision prospective, en fonction le l'image souhaitée de cette Algérie de demain, des défis et des enjeux du futur qui s'y rattachent ! Les contenus des différents programmes à décliner à cout, moyen et long terme, doivent être aussi fiabilisés, validés et périodiquement évalués ! Il s'agit en fait de rompre avec la pratique de la programmation linéaire et souvent intuitive des investissements. C'est pourquoi, cet instrument de veille stratégique demeure aujourd'hui incontournable, comme l'on déjà comprit depuis bien longtemps, bon nombre de pays et même ceux à économie libérale. 

QUAND LE CHANGEMENT PASSE PAR LE CLASSEMENT À L'ÉCHELLE MONDIALE ! 

Il est bien heureux de noter que pour ce qui concerne le foot, l'on soit classé au grand bonheur des adeptes de cette discipline sportive, 3ème en Afrique et 35ème au niveau mondial. Comme Il me plait aussi de souligner, qu'avec un produit intérieur brut (PIB) de 197 Milliards de dollars, l'Algérie est classée 4ème plus grande économie arabe, selon l'Institut international des finances (IIF). Elle vient juste après l'Egypte avec 257 Milliards de dollars de PIB. En première place, arrive l'Arabie Saoudite avec 640 Milliards de dollars, suivie des Emirats arabes unis avec 375 Milliards de dollars. Le Qatar avec 182 Milliards de dollars et le Koweït avec 178 Milliards de dollars sont respectivement à la 5ème et à la 6èmeplaces, alors qu'ils sont les deux pays les plus riches. Ces deux indicateurs apparemment élogieux s'expliquent pour le premier, par la performance des professionnels de notre équipe et pour le second, par la richesse sans plus de notre sous-sol ! Pour tout le reste, notre classement oscille entre le médiocre et le mauvais ! C'est ainsi, que pour les technologies de l'information et de la communication (TIC), dans un monde hyper-connecté, l'Algérie n'arrive qu'à la 131ème place. Parmi les pays arabes, notre pays se classe à l'avant dernière place suivi de la Lybie. Nos autres voisins font mieux, avec une 39ème place pour la Tunisie et une 88ème place pour le Maroc. A l'échelle africaine et sur 38 pays, l'Ile Maurice, l'Afrique du Sud et les Seychelles sont les trois meilleurs classés. L'Algérie n'occupe que la 27ème place et se trouve donc, parmi les 11 derniers pays au niveau africain et les 14 derniers pays au plan mondial, aux côtés de la Mauritanie, du Tchad et du Lesotho. Oui, il est bien triste de constater que les TIC ne soient pas notre grande priorité, alors que la numérisation est un facteur essentiel de progrès pour notre société qui doit s'affranchir au plus vite de cette bureaucratie paralysante, mais pas seulement ! C'est là un domaine vital des plus significatifs en terme de signal de changement à émettre en direction de la population et particulièrement des jeunes, plus enclins à l'ouverture sur le monde du virtuel. Il y a donc nécessité dans la mise en place d'un programme d'urgence, avec comme objectif d'améliorer notre position sur les trois prochaines années, en ciblant les niveaux des pays du premier tiers dans le classement, afin de réduire de façon significative la fracture numérique. Par rapport à la question de la compétitivité, là aussi ce n'est pas la joie dans la mesure où l'Algérie est classée au 100ème rang, alors que le Maroc arrive à la 77ème position et la Tunisie à la 83ème. A noter pour mémoire et pour le besoin de la comparaison, que l'Ile Maurice est le pays africain dont l'économie est la plus compétitive ! Au chapitre du savoir, l'école algérienne est en baisse constante dans les différentes matières et particulièrement les mathématiques et les sciences qui sont reléguées au dernier plan. C'est ce que relève le forum mondial économique de l'année 2013 qui a décerné à l'Algérie, la 100ème place derrière de nombreux pays, dont la Tunisie classée à la 78ème place. A ce propos et à titre de rappel, je dois signaler aux lecteurs, mes deux articles où cette question fondamentale est évoquée avec plus de détails (cf. Quotidien d'Oran du mardi 27 août et du jeudi 12 septembre 2013). Dans ce prolongement et dans le classement africain des établissements universitaires, la première université algérienne, en l'occurrence celle de Bab-Ezzouar est aussi à la peine, dans la mesure où elle n'arrive qu'à la 29ème place dans le Top 100, même si cette fois-ci, on fait mieux que les premières universités marocaine et tunisienne classées respectivement à la 39ème et la 78ème places. C'est précisément dans ce domaine sensible des sciences, de la recherche et de la technologie que des efforts similaires à ceux déployés pour le foot, doivent être faits pour intégrer notre communauté scientifique d'outre mer. L'on pourrait ainsi disposer d'un meilleur encadrement de nos étudiants, accroître le nombre de publications dans des revues scientifiques de haut niveau, afin d'améliorer les positions à l'échelle tout au moins africaine de nos universités. Il faut faire remarquer, que pour l'instant, les travaux de notre communauté scientifique à l'étranger participent plutôt à l'amélioration du classement des universités étrangères d'accueil. Sur un autre chapitre, celui du développement humain, l'Algérie est classée à la 104ème place. Par comparaison à d'autres pays arabes, elle est moins bien positionnée que la Jordanie 100ème, la Tunisie 98ème, le Koweït 54ème et Bahreïn 48ème. Elle fait par contre, un peu mieux que le Maroc 130ème, l'Egypte 112ème et la Syrie 107ème. Concernant la question de la sécurité alimentaire, une de nos plus grandes faiblesses, il importe de relater les conclusions du rapport de 2012, de l'agence d'études économiques de l'Economist Intelligence Unit (EIU), où sur un classement de 105 pays, le Top 5 regroupe dans l'ordre : les USA, le Danemark, la Norvège, la France et les Pays-Bas. Le flop 5 regroupe : Madagascar, Haïti, le Burundi, le Tchad et la république du Congo. Dans ce classement, l'Algérie se situe dans le dernier tiers des pays audités, à la 73ème place, entre l'Ouzbékistan et le Cameroun. Oui ! C'est cela la réalité de cette Algérie, jadis grenier de Rome ! Et dire qu'avec cela, l'on se permet le luxe de mettre en jachères près de (3) Millions d'hectares, alors qu'ils gagneraient à être emblavés par des légumes secs et des fourrages, afin d'accroître nos disponibilités en protéines végétales et animales ! Il y a tellement à dire sur la question de notre sécurité alimentaire et l'agriculture, que quelques lignes ne sauraient suffire, ce qui renvoie à d'autres articles (cf. Quotidien d'Oran du 3 janvier, du 1er avril et du 3juin 2010). Que l'on aime ou pas le foot, la leçon qui nous est donnée par l'équipe nationale, l'instant d'un succès, est que le changement fait appel au professionnalisme, à la bonne gouvernance, au sérieux et à l'abnégation dans le travail. C'est cette alchimie dont devront s'inspirer les différents secteurs de la vie économique, sociale et culturelle pour sortir des approches archaïques et pour espérer emporter au pris de ce changement, d'autres victoires plus vitales pour le bien-être de nos concitoyens et pour la prospérité de notre société ! Si après cela l'on aura évolué au plan des mentalités et des pratiques managériales, alors, vive le foot ! 

 
   
 
   

PUBLICATION DU Pr KHELIL .2

Curieux endroit qu'a choisi le Pr KHELIL pour situer le déroulement de son histoire. Ce choix en réalité n'est pas fortuit: ce phénomène de la file d'attente révèle l'un des malaises chroniques que ressent le citoyen algérien. Pour les deux acteurs de ce roman ce lieu constitue l'observatoire idéal pour scruter, observer et sentir physiquement le resenti de ce malaise social. Le dialogue des deux amis, l'un agronome l'autre journaliste, passe en revue tous les problèmes qui empoisonnent la vie quotidienne de l'algérien. Dans l'épilogue l'auteur propose des solutions basées sur des études scientifiques qui doivent accompagner une réforme en profondeur de notre système socioéconomique et donc politique. Comme d'habitude chaque publication du Pr KHELIL constitue une nouvelle contribution positive  au débat national.A.B

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