Déchéance d'ampathie-B.Senouci
Déchéance d’empathie-Brahim Senouci
La loi sur la déchéance de la nationalité a donc été votée. Coup de tonnerre dans un ciel serein ? Non. La société française est désormais disponible pour l’instauration de lois de cette nature. De plus en plus, la tentation de la séparation du « eux » de « nous », sinon de corps (pas pour l’instant !), du moins d’esprit, fait son chemin dans les têtes. Le législateur a choisi d’accompagner ce mouvement, plutôt que d’éviter de lui donner une caution formelle…
Memoire(s) histoire(s) Oubli(s)-B.Senouci
Mémoire(s), histoire, oubli(s)-Brahim Senouci
La clé de voûte d’un pays est probablement la mémoire de son peuple. La cohésion de ce dernier est intimement liée à la qualité et à la densité de sa mémoire partagée. Beaucoup d’Algériens réagissent par un haussement d’épaules à l’énoncé du mot "mémoire". Ils y voient une tentation passéiste et préfèrent s’inscrire dans une vision d’avenir.
Erreur funeste… Il n’y a pas de projection possible vers le futur en l’absence d’un socle commun solide, fait de valeurs partagées, de la mémoire de souffrances ou de joies communes. Il n’y a pas de communauté de destin sans communauté de mémoire. L’Algérie est diverse, certes, mais elle présente des caractères communs. L’un des plus caractéristiques est l’attitude face à l’adversité. Celle-ci révèle des gisements de solidarité que dissimule, en temps normal, le quotidien de la prédation et de la violence ordinaire. En témoigne l’élan de la population face à des catastrophes, comme le tremblement de terre de Boumerdès ou les inondations de Bab-El-Oued. On raconte que durant ces dernières, des jeunes gens sachant à peine nager se sont jetés à l’eau pour secourir des personnes en perdition. Ces faits ne sont pas anodins. Ils font partie des nombreuses traces d’un passé oblitéré, mais qui respire encore sous le voile paresseux de l’Empire Ottoman et le linceul colonial français qui le revêtent. C’est ce passé qu’il convient d’explorer, parce que c’est là que se trouve, non seulement la clé du mystère de notre permanence, mais aussi l’antidote à la pulsion morbide qui nous entraîne vers le pire.
Changement de cap-B.Senouci
Changement de cap !- Brahim Senouci
La COP21 vient de livrer son verdict. Ce n’est pas un mince succès que d’avoir réussi à mettre d’accord 196 Etats sur un texte commun. C’est que l’heure est grave. Les dégâts causés par le dérèglement climatique sont aujourd’hui visibles. Des morceaux de banquise se détachent et dérivent dans les océans arctique et antarctique avant de disparaître. Des îles densément peuplées sont menacées de submersion. Au Bangladesh, de plus en plus de paysans fuient leurs terres englouties pour s’agglutiner dans les faubourgs de la capitale, Dacca, au bord de la congestion. Les glaciers d’Europe disparaissent progressivement. La vie est rythmée par les sécheresses et les inondations catastrophiques tandis que la fréquence et la puissance des cyclones sont en augmentation constante. Il est à craindre que le nombre de réfugiés climatiques dépasse celui des réfugiés politiques. Le tableau est peu reluisant. Il promettait de devenir apocalyptique. Fort heureusement, un réflexe de survie a permis l’apparition de cette lueur d’espoir que constitue l’accord de Paris.
Sage et patient,le fruit se penche.B.Senouci
Sage et patient,le fruit se penche… Brahim Senouci
La République, la démocratie, voilàdebiennobles concepts.Laquestion se posetoutefoisde savoirs’ils valent pourun ensemble indistinct nommé "peuple",ou s’ilsrésonnent de la même manière pour chacun des éléments de cet ensemble.
En France, ces paradigmes sont peu ou prou intégrés dans l’imaginaire de la majeure partie de la société, celledont lesélémentsse reconnaissent parfaitement dans le roman national.Louis IV, Napoléon, Hugo, Vézelay structurent leur mémoire collective. Ils se perçoivent comme les héritiers d’une très longue histoireet s’estiment inconsciemment comptables de l’état de leur pays.Les sociologues nous expliquent que les systèmes politiqueset les modes de viequ’ils induisentreposentprécisémentsurcelles et ceux qui en tirent un certain bonheur de vivre, assorti d’une bonne opinion de leurs personnes.Ce sontcelles-ciqui lesperpétuent,quilesprotègent contre une contestation éventuelle qui déclenche, outre le rejet, une réelleindignation. Elles trouventdans ces modes de vie et ces systèmes politiquesl’aliment quotidien de leur insouciance et de leur hédonisme.J’ai nommél’innocence. Davantage encore, l’exemplarité.Elles n’ignorent certes pas la part d’ombrede leur histoire. Suivant en cela le discours officiel dans les rares occasions où il l’évoque, ils la tiennent toutefois comme minime et comme l’inévitable pendant d’une geste héroïque, menée à travers le monde au nom d’idéaux augustes.
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Radicalisation de l'Islam ou islamisation de la radicalité? B.Senouci
Radicalisation de l’Islam ou islamisation de la radicalité ?
B.Senouci
Pour appréhender le phénomène Daesh, le public occidental, intellectuels compris, parle souvent de "radicalisation de l’Islam" : il conviendrait plutôt de parler d’ "islamisation de la radicalité" …
Cette expression n’est en fait pas tout à fait nouvelle. Elle a couru en Algérie, sous différentes formes, au moment de l’apparition du FIS (Front Islamique du Salut), au début des années 90, peu avant le déclenchement de l’horreur de la décennie noire. C’est à ce moment-là que nous avons eu l’illustration in vivo de ce processus.
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